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Critique BD : Ping-pong

 

Non, Ping-pong, le dernier livre de la bédéiste québécoise Zviane, ne parle pas de ce sport de raquette. À l’origine, il s’agissait d’un fanzine autoédité à seulement 500 exemplaires. Devant le grand succès qu’a rencontré cet album, la maison d’édition Pow Pow a décidé de reprendre le flambeau. Mais attention! La version 2015 de Ping-pong n’est pas tout à fait la même. Cette nouvelle version est d’abord commentée par Zviane elle-même. Une seconde partie a également été rajoutée à la fin. Il s’agit, en effet, de commentaires faits par plein d'autres auteurs et qui portent sur certains passages de la première partie. C’est comme s’ils lui renvoyaient la balle. 

Et qui sont ces auteurs? On parle ici de très grands noms de la bande dessinée : Jean-Paul Eid, Francis Desharnais, Pascal Girard, Brigitte Findakly, Pierre Bouchard, Guillaume Pelletier, Luc Bossé, Antonin Buisson, Cathon, Saturnome, Yves Pelletier, Julie Delporte, Alexandre Fontaine Rousseau, Richard Suicide, Lewis Trondheim, Maître Niko, Boulet, Réal Godbout et Jimmy Beaulieu. Chaque commentaire contient moins d’une dizaine de planches. C’est peu, mais leur commentaire est toujours efficace. C’est aussi génial de pouvoir comparer leurs différents styles dans une même oeuvre. 

Mais revenons à la première partie. Je pense qu'il est important de mentionner tout de suite que Ping-pong n’est pas vraiment une bande dessinée conventionnelle qui raconte une histoire. Bien que l’on retrouve toujours l’humour mordant de Zviane, ce livre est à classer du côté des oeuvres « sérieuses ».

L’auteure traite surtout du processus derrière la création d’une oeuvre, un sujet cher aux bédéistes et aux artistes en général. C’est comme si elle nous offrait l’occasion d’aller faire un voyage dans sa tête. Elle doute souvent d’elle-même et n’hésite pas à dire qu’elle est moins douée dans tel ou tel domaine. Souvent, elle essaie de trouver des explications. Par exemple, pour expliquer certaines de ses « lacunes » en dessin (j’adore son style, personnellement), elle nous parle de son enfance et des cours de dessins qu'elle a suivis. 

Zviane n’aborde toutefois pas seulement la bande dessinée. Étant pianiste de formation, elle nous parle de musique classique (et des liens avec les autres formes d'art), mais avec une légèreté déconcertante. On dit souvent que la musique classique est pour les gens snobs, eh bien, il est difficile de croire ça, après avoir lu Ping-pong. Bien sûr, elle emploie des termes techniques (qu’elle prend la peine de nous expliquer en des mots simples), mais, en même temps, elle ne souhaite pas montrer qu’elle est meilleure que nous. Un exemple parmi tant d’autres : au lieu d’employer le mot « pièce » ou de nommer l’oeuvre par son nom (exemple: le Concerto pour piano nº 1 en ré mineur, op. 15, de Johannes Brahms), elle utilise souvent le mot « toune ». Au début, j’avoue avoir sursauté, et puis, à un moment donné, je me suis dit : « Pourquoi pas? Si on peut le faire avec d’autres styles musicaux, pourquoi pas avec la musique classique ?». 

Je ne vous cacherai pas cependant que j’ai trouvé quelques parties un peu plus arides. Même si j’ai suivi des cours particuliers de trompette pendants des années à mon adolescence et que j’adore la musique classique, je n’ai pas compris grand-chose aux quelques sections dédiées à l’analyse musique. Mais je pense que Zviane elle-même se doutait que ces parties n’allaient pas être lues par grand-monde, car elle prend même la peine de nous dire que l’on peut les sauter!

Les dessins, pour leur part, prennent vraiment peu de place dans Ping-pong, même si l’auteure arrive quand même à nous montrer l’étendu de ses talents dans quelques cases. C’est le texte donc qui compte. Et il y en a quand même beaucoup! Ce n’est pas le genre d’ouvrage que l’on termine en 30 minutes. Comptez plusieurs heures pour le lire et encore plus d’heures pour l’assimiler. Parce que même si vous n’êtes pas un artiste, Ping-pong vous amènera à vous poser différentes questions philosophiques sur votre vie. 

Verdict 

Honnêtement, ça faisait longtemps que je ne mettais pas autant creuser la tête (dans le bon sens du terme). Je pense que la dernière fois, c’était dans mes cours de Philosophie au cégep. Ça doit faire une bonne dizaine d’années! Merci, Zviane, d’avoir permis au petit hamster de mon cerveau de recommencer à courir dans sa petite roue. Disons qu’il en avait bien besoin! Il commençait à être vraiment gras! 

 

Ping-pong

Zviane

236 pages

Pow Pow

Cote : 4,5 étoiles sur 5.

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