
Le 29 septembre dernier, deux femmes du village d’Akulivik (nord du Québec) ont raconté s’être retrouvées nez à nez avec l’un de ces « abominables hommes des bois». Ce jour-là, Maggie Cruikshank Qingalik et sa cousine s’étaient rendues en forêt pour y cueillir des baies sauvages. Alors qu’elles s’apprêtaient à rentrer, elles ont vu la créature qu’elles ont décrite comme mi-homme mi-animal. Les femmes ont raconté que la bête, plus grande qu’un homme normal, était couverte d’une fourrure sombre et marchait debout, sans toutefois se tenir « aussi droite que nous », ont-elles précisé. Mme Qingalik a pris des photographies des empreintes laissées par la créature, clichés qu’elle a depuis publiés sur sa page Facebook. Elle a également laissé savoir qu’elle et sa cousine avaient réalisé une vidéo montrant la créature, mais a refusé de la publier de peur « d’effrayer les enfants ». [http://fr-ca.actualites.yahoo.com/blogues/sur-le-radar/elle-cueille-des-baies-et-tombe-sur-bigfoot.html]
À première vue, cette affaire du « Bigfoot d’Akulivik » fait sourire. Mais au-delà des éléments cocasses de cette histoire — dont les motivations d’autocensure de Mme Qingalik —, il vrai que de telles apparitions dans les grandes régions nordiques du Québec et de l’Ontario sont beaucoup plus fréquentes qu’on pourrait le croire. Il y a quelques années, j’ai moi-même enquêté sur un incident semblable survenu dans la réserve faunique de Polar Bear (Ontario), sur la rive sud de la Baie d’Hudson.
Le 9 juin 2000, des empreintes faisant 35 cm de long par 12 cm de large ont été découvertes par l’un des sages de la réserve des Weenusk, une petite communauté autochtone habitant près de Peawanuck. Cinq jours plus tard, de façon tout à fait indépendante — et à 150 km de Peawanuck — Rick Tapley, un agent du ministère ontarien des Ressources naturelles, est tombé à son tour sur des empreintes géantes. Informé de cette découverte, je me suis aussitôt rendu dans le nord de l’Ontario. La région est tout à fait isolée et loin de toute habitation. Malgré les jours écoulés, les empreintes étaient encore bien visibles. Chacune des traces, au nombre d’une vingtaine, était légèrement différente de ses voisines, comme on serait en droit d’en observer s’il s’agissait des empreintes d’un animal ou d’un hominidé (photo Bigfoot1). En parlant avec les autochtones de la région, j’ai appris que ce genre de découverte n’était pas « exceptionnelle ». Plusieurs m’ont raconté avoir aperçu de telles empreintes le long de la rivière Winisk (qui se jette dans la Baie d’Hudson). Un Ancien m’a même raconté avoir vu un Sasquatch l’été précédent près de Bland Island.
Plus près de nous, des empreintes mystérieuses ont été rapportées dans les monts Valin dans la région du Saguenay, durant l’été 2001. C’est un technicien en foresterie de Saint-Fulgence qui a fait l’étonnante découverte. L’information a été transmise à Yvon Leclerc, un cryptozoologue (spécialiste des animaux « non reconnus » par la zoologie officielle) de Trois-Rivières, qui s’est aussitôt rendu sur place afin d’effectuer des moulages desdites empreintes. Lors de sa visite, Yvon Leclerc a noté une odeur nauséabonde sur les lieux, une caractéristique souvent associée au Sasquatch. De retour chez lui, l’enquêteur a réalisé une série de frottis sur les moulages, lesquels frottis ont révélé des détails anatomiques invisibles à l’œil nu. Selon lui, ces empreintes de 45 cm de long n’ont pu être faites que par un pied articulé et non une espèce de prothèse taillée dans le bois comme le soutiennent parfois les sceptiques. L’animal responsable de ces traces était un bipède pesant dans les 130 kilos (http://www.bigfootencounters.com/articles/leclerc3.htm).
Bien sûr, des témoignages et des empreintes ne constituent pas des preuves irréfutables de l’existence de la créature, mais nous forcent à garder l’esprit ouvert. À moins que tous les témoins souffrent de la même lubie et qu’il existe une confrérie secrète qui, depuis des générations, s’amuse à faire de « fausses empreintes géantes » au quatre coins de l’Amérique du Nord, force nous est de reconnaître que ces histoires de Sasquatch demeurent très intrigantes. Est-il nécessaire de rappeler que l’existence du gorille des montagnes — le plus gros primate au monde — remonte à peine à un siècle et que jusqu’en 1992, le saola, un bovidé d’Asie (photo Saola), était considéré comme une chimère? Alors pourquoi pas le Sasquatch?