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« La Malédiction de Rascar Capac » : Une oeuvre à lire absolument pour tous les fanatiques de Tintin!

Une vue unique sur une oeuvre phare de la BD

Comme le titre de l’ouvrage l’indique, c’est le 13e album de la série, parue en septembre 1948, qui a été choisi pour inaugurer cette nouvelle série. Même si le livre a grosso modo les mêmes dimensions qu’un album ordinaire de BD, il se lit de façon horizontale et non pas verticale. En effet, le livre est séparé en deux. Sur la page de droite, on retrouve l’histoire complète des Sept boules de cristal telle qu’elle était publiée dans le journal Le Soir. Précisons qu’avant la sortie en album, l’oeuvre a été publiée en 152 bandeaux (strip) quotidiens (ou presque) entre le 16 décembre 1943 et le 3 septembre 1944, en pleine occupation allemande. 

Publication dans un journal oblige, les dessins sont dépourvus de couleur. Mais ce n’est pas là la seule différence qu’il y a avec l’album. En effet, les connaisseurs remarqueront plusieurs différences comme des scènes enlevées ou encore remaniées. 

Les pages de gauche, quant à elles, ont ni plus ni moins comme mission de nous expliquer la démarche d’Hergé. Ces pages sont accompagnées de précieux documents comme des croquis, des photographies d’oeuvres d’art, de lieux ou de personnages ayant inspiré le brillant bédéiste. Elles nous parlent aussi du contexte de l’époque, en plus des relations (amis, famille, etc.) qu’avait le grand maître. 

On peut d'ailleurs faire beaucoup de rapprochements entre la vie personnelle d'Hergé et la vie fictive de ses personnages. À un moment donné, des personnages conduisent une automobile Ford et on y apprend que Hergé était un grand connaisseur de la marque américaine puisqu'il avait été dessinateur pour La Revue Ford

Philippe Goddin ne fait toutefois pas dans la complaisance. Quand Hergé s’est trompé sur un fait historique, il n’hésite pas à nous le mentionner, sans pour autant l’attaquer gratuitement. Et d'ailleurs, on apprend qu'il a commis plusieurs petites erreurs, notamment en ce qui concerne les oeuvres d'art. 

Un incontournable

Il reste que cette oeuvre est fascinante à lire. Ayant été bercé dans mon enfance par Les Aventures de Tintin, j’ai dévoré le livre de 136 pages en seulement quelques heures. C’est comme si je redécouvrais l’oeuvre de Hergé, tout en voyant cet album d’un nouvel oeil. Philippe Goddin n'hésite pas, à ce propos, à mettre l'emphase sur de petits détails enfouis ici et là dans les cases des Sept boules de cristal (et qui passeraient inaperçus pour un lecteur pressé), comme un masque inca dissimulé dans une bibliothèque. 

Je me suis aussi rendu compte que le Belge avait effectué un travail de recherche colossal. Il n’a pas tout puisé dans sa tête, comme certains pourraient le croire. Bien au contraire! Quand on consomme une oeuvre, on oublie souvent tout le travail qui a été accompli derrière pour en arriver là. Et c’est surtout vrai dans le merveilleux monde de la bande dessinée. Hergé avait fait beaucoup de recherches scientifiques, mais aussi des recherches plus artistiques. Bien souvent, il demandait l’aide d’Edgar P. Jacobs afin qu’il pose pour des croquis (notamment des postures compliquées) qu’il transposait ensuite dans certaines scènes de son album Les sept boules de cristal

Verdict

Ce premier ouvrage est un incontournable pour tous les amoureux de l’oeuvre de Hergé, mais également pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du 9e art et au processus de création. Bref, La Malédiction de Rascar Capac est une oeuvre richement documentée qui mérite sa place dans toutes les bibliothèques.

Cote : 4,5 étoiles sur 5

La Malédiction de Rascar Capac t.01 – Les sept boules de cristal

Hergé

Philippe Goddin

136 pages

Éditions Casterman

Date de sortie : 24 avril 2014.

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