Critique de « Assassin’s Creed IV: Black Flag »: Quand le pirate prend la place de l’assassin
Daniel CarosellaLe bel âge de la piraterie
Sans vouloir gâcher quoi que ce soit pour ceux n’ayant pas joué à Assassin’s Creed III, il était quasi-impossible de poursuivre l’aventure du futur avec Desmond. Ainsi, dans le futur, vous prenez plutôt le contrôle d’un illustre inconnu venant d’être engagé par Abstergo Entertainment. En explorant le complexe de cette firme, vous verrez plusieurs clins d’œil à Ubisoft Montréal, incluant divers partenariats fictifs conclus entre Ubisoft et Abstergo. Vous pourrez aussi y dénicher des affiches et figurines des autres Assassin’s Creed, créant ainsi une ambiance intéressante et rafraîchissante pour la série si ce n’est qu'elle est plus impersonnelle.
Or, comme dans les autres titres de la franchise, l’Animus est mis de l’avant pour que vous puissiez plonger dans le passé afin d’incarner un Assassin. On vous explique qu’à l’aide de l’ADN de Desmond, vous pouvez revivre et pirater les souvenirs de l’un de ses ancêtres, soit le pirate Edward Kenway. Ainsi, Desmond a un autre ancêtre ne collant pas nécessairement aux autres. Un jour, il faudra bien nous expliquer comment tous les personnages de la série sont reliés entre eux !
Au niveau de l’ambiance, Ubisoft Montréal a effectué un bon travail. On ressent l’atmosphère caractéristique de l’âge d’or de la piraterie et on s’imagine très bien que les corsaires de l’époque ont pu être comme ceux du jeu. Or, même si je l’ai trouvé intriguant, le personnage d’Edward Kenway est moins développé que les héros des autres jeux. De prime abord, on nous le présente à l’âge adulte alors que, inexplicablement, il a toutes les techniques d’un Assassin sans en être un. De plus, il joue fortement avec la frontière séparant les Assassins des Templiers. Alors que, dans le passé, on se battait pour une cause contre un groupe défini, tout cela est moins clair dans Assassin’s Creed IV. Ainsi, en raison d’un approfondissement moindre de son protagoniste, l’histoire du jeu est moins prenante en bout de ligne.
Pirate ou Assassin ?
Un pirate peut-il être un assassin ? La réponse la plus évidente semble être oui, mais ce n’est pas aussi clair dans le jeu. En fait, Assassin’s Creed IV est probablement le jeu se distançant le plus du concept au cœur de la série. Oui, vous pourrez toujours assassiner en utilisant la majorité du temps les mêmes techniques que par le passé, mais l’accent est beaucoup plus mis sur la découverte d’objets et d’îles de même que sur la navigation sur la mer que sur la furtivité et l’assassinat. Le concept de base de la franchise a donc été dilué dans cet opus, ce qui plaira à certains et déplaira à d’autres.
En effet, même si je sens qu’on s’éloigne de ce qui caractérisait Assassin’s Creed, il n’en demeure pas moins que ce que propose le jeu est de haute qualité. En outre, ceux ayant aimé le concept des bateaux d’Assassin’s Creed III seront ravis d’apprendre que l’idée a été poussée et simplifiée. Puisque les voyages sur mer et les découvertes en bateau prennent une place centrale dans le jeu, Ubisoft Montréal a simplifié la navigation et les contrôles en bateau. Dès lors, il est beaucoup plus facile de viser et détruire les bateaux ennemis. De plus, vous pourrez récupérer des ressources et même des naufragés en mer à l’aide d’un simple bouton. C’est très intuitif et les balades en mer font partie du plaisir que vous aurez au sein du jeu.
Par ailleurs, et comme vous vous en doutez probablement, naviguer n’est pas la seule activité que vous pourrez faire sur l’eau. En plus de batailles navales qui pourront se conclure en abordages, vous pourrez aussi améliorer et modifier l’apparence de votre vaisseau naval à l’aide des ressources que vous récolterez. Qui plus est, plus vous avancerez dans le jeu et plus il vous faudra des membres d’équipage afin d’opérer les canons ainsi que pour éviter de vous faire écraser en nombre par l'équipage des plus gros vaisseaux ennemis. De plus, il vous sera possible de chasser des bêtes marines au sein du jeu, incluant des requins et de gros épaulards. D’ailleurs, à défaut d’être un échec total, votre première tentative pour éperonner et dépecer une baleine risque d’être mémorable !
Pourquoi diable voudriez-vous perdre du temps à chasser du lapin, de la tortue, du requin et de la baleine, pour ne nommer que ces bêtes ? Pour commercer ? Oui, mais aussi pour améliorer votre arsenal. Voyez-vous, l’équipe d’Assassin’s Creed IV a emprunté le système de l’une des équipes d’Ubisoft Montréal dans la confection des améliorations. Ainsi, tout comme dans Far Cry 3, vous devrez chasser différents animaux, poissons et mammifères dans le but de confectionner de meilleures pièces d’équipement. Et comme les bêtes à chasser sont dispersées partout dans les îles du jeu, vous devrez consacrer du temps de jeu et bien regarder la carte du monde pour voir où se situent les animaux à traquer si vous désirez améliorer au maximum Edward.
Un univers vraiment vaste
Si vous pensiez que les autres Assassin’s Creed étaient massifs, attendez de voir l’univers du quatrième opus. Dans le futur, le monde des bureaux d’Abstergo est assez restreint. Vous pourrez y accomplir quelques tâches et missions secondaires, incluant la récolte de codes QR et des objectifs visant à infiltrer la compagnie pour y déceler ses sombres secrets. Ce n’est pas obligatoire et vous pouvez aisément ne pas tenir compte de ces missions d’espionnage industriels, mais ça ajoute quand même un petit quelque chose au jeu, d’autant plus que pour la première fois dans la série, tout cela se déroule à la première personne.
Or, à l’âge des pirates, vous découvrirez un immense monde. Et je pèse le mot immense ! L’univers est non seulement vaste, mais aussi rempli d’activités à faire et d’éléments à récolter. En plus d’objets classiques de la série à découvrir (fragments d’Animus, manuscrits, trésors, etc.), vous pourrez aussi trouver des morceaux de chant pour votre équipage (qui remplacent les parchemins de Franklin d’Assassin’s Creed III dans leur façon de les récolter) et sauver des pirates en danger afin qu’ils s’ajoutent à votre équipage. Ce n’est rien de bien original puisque plusieurs de ces éléments ont simplement été modifiés par rapport aux autres jeux, mais il n’en demeure pas moins qu’ils font d’Assassin’s Creed IV un jeu très fourni.
En revanche, j’ai beaucoup aimé l’un des ajouts d’Ubisoft Montréal, à savoir les cartes aux trésors. À plusieurs endroits dans le jeu, vous trouverez des cartes de trésors vous mentionnant un point précis du monde où vous devrez aller pour obtenir votre récompense. Dès lors, et comme plusieurs contrats d’assassinats que vous obtiendrez, il vous faudra regarder la carte et cibler ce point cachant un coffre. Durant vos périples, il vous arrivera aussi de trouver des coffres sociaux spéciaux contenant généralement plus de biens que les autres et dont les positions seront communiquées avec vos amis. Bref, beaucoup d’exploration et, surtout, de plaisir pour les chercheurs de trésors dans ce vaste univers !
Des points de repères simplifiant l’expérience, mais des problèmes récurrents
Un autre ajout que j’ai apprécié au sein du jeu sont les points de repères visuels apparaissant lorsqu’on doit poursuivre un objectif. Ainsi, lorsque vous ciblerez un point en particulier, vous verrez un petit rond de couleur apparaître à l’écran et se distinguant selon l’objectif à atteindre. De plus, vous pourrez voir un mot vous informant de l’objectif de telle sorte que vous observerez un point rouge et le mot « Tuer » pour une personne à assassiner ou bien un point jaune avec la mention « Suivre » pour une cible à surveiller. Ces points de repère visuels simplifient l’expérience et nous permettent d’avoir un rapide coup d’œil sur notre cible et sur l’action à poser pour compléter notre objectif.
Si cette nouveauté est bienvenue, Ubisoft Montréal n’a pas corrigé certaines lacunes des précédents opus, à commencer par l’intelligence artificielle. Les ennemis sont toujours aussi dupes de sorte qu’il est facile d’exploiter les failles de leur intelligence pour compléter nos missions. Par exemple, si vous atterrissez derrière un ennemi, il ne se retournera jamais. Il est également facile de passer à côté d’eux lorsqu’on est cachés dans les buissons ou encore de les berner en courant et en grimpant un peu partout.
Par ailleurs, le jeu a tendance à mêler les actions réalisables selon la surface avec laquelle on entre en contact. À plus d’une reprise, il m’est arrivé de voir Edward tenter de grimper alors que je voulais simplement qu’il longe un mur. Même chose lorsqu’on désire se positionner sur le coin d’un mur afin d’observer une cible pour l’assassiner lorsqu’elle est assez près de nous. Il vous arrivera alors qu’Edward ne s’arrête pas où vous le voudrez ou, à l’inverse, qu’il stoppe son mouvement parce que vous êtes à un coin de mur alors que vous voulez plutôt continuer de marcher ou courir. Ces mélanges du jeu, déjà présents dans les autres opus, sont dérangeants à la longue.
Verdict
Assassin’s Creed IV : Black Flag n’est pas un jeu révolutionnant la série. En fait, on pourrait même dire qu’il dilue cette dernière davantage puisque les concepts de son essence ne sont plus aussi marquants qu’auparavant. En revanche, c’est un titre aux multiples qualités, à commencer par beaucoup de moments d’action de même qu’un grand volume de contenu. Et même si Edward Kenway n’est pas aussi développé qu’Ezio Auditore, vous aurez quand même du plaisir à l’incarner durant vos périples sur terre et sur mer. Ahoy matelots et embarquez dans ce grand voyage du capitaine Kenway, vous y trouverez or, rhum, femmes et plaisir !
Ce que vous aimerez :
– Les nombreux éléments à trouver et à récolter
– La vision futuriste différente des autres Assassin’s Creed
– Le fait d’être plongé rapidement dans l’action
Ce que vous n’aimerez pas :
– L’approfondissement moins poussé du personnage d’Edward Kenway
– Les failles de l’intelligence artificielle
– Le concept dilué de la série
Note : 8,5 sur 10
Testé sur: Xbox 360