Le dopage dans les sports de combat : Qu’en est-il au Québec?

Le Québécois Georges St-Pierre crie haut et fort depuis quelques mois que le dopage est un véritable fléau dans son sport. Les propos de St-Pierre n’ont rien d’étonnant, mais il ne faudrait pas croire que le dopage existe seulement à l’UFC. D’ailleurs, les tests antidopage sont, en règle générale, la responsabilité des différentes commissions athlétiques. Au Québec, c’est la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) qui a le mandat d’assurer la sécurité des combattants et de s’assurer que ceux-ci respectent les règlements, dont ceux concernant le dopage.

À LIRE AUSSI: La surconsommation de drogue dans les évènements
Or, depuis 2011, aucun athlète ayant participé à un événement professionnel de boxe ou d’AMM sur le territoire québécois n’a échoué un test antidopage. La porte-parole de la RACJ, Joyce Tremblay, affirme qu’avant 2011, les tests de seulement trois combattants ont révélé la présence de substances illicites dans leur organisme. Ces chiffres pourraient être réjouissants, mais malheureusement, à mon avis, ils ne sont absolument pas représentatifs de la réalité. Il faut savoir que la RACJ ne teste pas systématiquement tous les combattants; en fait, très peu de combattants ont à faire face à un test antidopage au Québec. Yanick Bergeron du Collège Bergeron a dirigé plusieurs athlètes qui ont combattu dans pratiquement toutes les organisations d'AMM au Québec, dont TKO, Ringside, la LAMMQ et plusieurs autres. Le principal intéressé évalue à une centaine de combats dans lesquels ces athlètes ont été impliqués, mais il se souvient seulement de deux ou trois tests antidopage auxquels ces athlètes ont dû se prêter.
(Photo UFC) L'Américain Matthew Riddle a vu deux de ses victoires être renversées après avoir été contrôlé positif à la marijuana. Entre ses deux combats qu'il a disputés à Calgary et en Angleterre, il a battu John Maguire à l'UFC 154, qui s'est déroulé à Montréal. L'UFC s'est débarrassé de Riddle après que ce dernier a échoué pour une deuxième fois un contrôle antidopage au mois de février 2013 à la suite de son combat contre Che Mills en Angleterre.
(Affiche UFC) Avant son combat contre Georges St-Pierre au Centre Bell au mois de mars 2013, Nick Diaz, un consommateur de marijuana notoire, ne s’était pas caché pour dire qu’il n’avait pas changé ses habitudes et qu’il s’excusait si jamais il échouait son contrôle antidopage. L’Américain revenait d'une suspension d'un an après avoir échoué un contrôle pour la marijuana à la suite de son combat contre Carlos Condit. Diaz a perdu contre St-Pierre, mais il n’a pas échoué son test antidopage effectué par la RACJ.
Ajoutons également que les tests antidopage au Québec ne peuvent avoir lieu que quelques heures avant ou après le combat. Donc, un athlète qui utilise des drogues de performance peut très bien se doper durant ses camps d’entraînement et se présenter « propre » si, par hasard, il doit passer un test antidopage. Cela étant dit, je suis tout de même très étonné du peu d'athlètes qui se sont fait prendre au Québec, même si un très petit nombre d’athlètes se fait tester et qu’il ne s’agit jamais de tests inopinés, car ils ne peuvent avoir lieu que dans une très petite fenêtre de quelques heures avant et après le combat. Je n’aurais pas été étonné de voir davantage d’athlètes se faire épingler. Il est permis de croire que les athlètes qui combattent dans des petites organisations du Québec ont rarement les moyens d’avoir accès à des spécialistes en matière de dopage qui savent gérer les cycles afin de ne pas se faire prendre. Du côté de la RACJ, la porte-parole nous mentionne que plus d’une trentaine d’athlètes ont été testés l’an dernier et que tous les combattants impliqués dans un combat de championnat subissent un test antidopage.