Aller au contenu
CAMP DE BASE DE L’EVEREST : Le retour par la voie classique – épisode 6
J’avais mentionné que le camp de base de l’Everest devenait un véritable camping tous les mois d’avril et mai. Les équipes (23 en 2005) installent le bivouac pour près de deux mois. Elles doivent solidifier leurs installations régulièrement, car, il ne faut pas l’oublier, on est sur une rivière de glace. Les murs de pierre et les tentes doivent être inspectés tous les jours, car il y a des risques de déchirure des toiles.

Avec Gabriel, en plus d’avoir la chance de dormir au camp de base, on a un guide pour la fameuse Icefall. C’est l’excursion sur le glacier du Khumbu pour admirer la vue sur le camping. Gabriel et son sherpa sont d’une gentillesse étonnante, comme si l’altitude rendait les gens simplement plus humains.

Très tôt le matin, je contemple, de ma tente, le lever du soleil sur le Lhotse. Les larmes me montent aux yeux! Et pourtant, ce n’est pas mon genre! Je m’ennuie des miens? Ou est-ce peut-être les 5340 m d’altitude? Ou est-ce tout simplement trop beau?

Après un bon déjeuner, on explore les environs. Les poussées de gel sont gigantesques avec 5-10 m de haut. Un labyrinthe de glace à s’y perdre. On y retrouve toutes sortes de pièces de métal : les échelles du Khumbu tordues par le mouvement de la glace et même une pièce d’hélicoptère!!!
 
Il faut penser à quitter nos amis sur l’heure du dîner. Nous avons un billet d’avion de retour, de Lukla à Katmandu, dans quatre jours. Pas de panique, on a du temps; certains le font en deux jours!! Du camp de base à Pheriche, c’est tout en descente et on a de l’énergie à vendre. Nos globules rouges nous transportent comme sur un nuage. Je comprends pourquoi les athlètes s’entraînent en altitude. Et puis, c’est nouveau, j’ai très faim!!

On distribue les Namaste aux gens que l’on croise. On a tellement d’énergie et eux, si peu !! Ils comprendront nos sourires au retour. Les femmes de ces montagnes sont d’une force et d’une endurance hors du commun. Elles portent plus que les bêtes de somme. La route est belle, on est heureux et on peut se dire : mission accomplie. Plus on descend, plus les odeurs changent; ça sent les arbustes plutôt que la roche humide. Je me surprends à prendre des photos des premiers arbres. Deux semaines sans en voir un, c’est long!

On croise quelques moines bouddhistes, alors on n’est pas loin de Tengboche. C’est le plus grand et le plus prestigieux monastère du Khumbu. Il est entouré de maisonnettes où résident les moines. Le feu l’a complètement rasé en 1989 et il a été reconstruit en 1993. Le site est d’une beauté spirituelle.

Tengpoche (3860 m) est une vaste esplanade accrochée au pied de l’Ama Dablam (6856 m) et qui domine tout le paysage. C’est ma préférée et on a aussi la vue sur plusieurs hauts sommets tels que : Taboche (6367 m), Lhotse (8501 m), Lhotse Shar (8393 m), Kangtega (6685 m) et l’Everest (8850 m). Pas mal!!

Il ne faut pas manquer une visite au monastère. Devant la grande porte, un moine nous rappelle qu’il faut enlever nos chaussures avant d’entrer. La grande salle de prières est dominée par une immense statue de bouddha de près de 4 m, laquelle est entourée des grands saints bouddhistes : Avalokiteshvara et Padmasambhava. Ça me rappelle le Tibet en 1992.

Je respecte l’interdiction de prendre des photos. Ma tête en sera quand même pleine. Voir les fidèles s’agenouiller puis s’allonger à plat ventre, les bras tendus vers Sakyamuni, le bouddha historique drapé d’une robe couleur safran (soit leur attitude de recueillement) m’interpelle. Est-ce de cette « relation Â» avec ce dieu de compassion et de sagesse, qui semble omniprésent dans leur vie, que les bouddhistes tirent leur joie de vivre et leur sérénité?

Le jour de notre arrivée à Tengpoche, c’était la neuvième étape de la fameuse course Lafuma Sky Race. Ce n’est pas humain comme course. Plus de 200 km (on dit 215 km pour la course de 2005), car le parcours change tous les deux ans. C’est aussi plus de 10 000 m de positif (12 000 en 2005) et autant en négatif sur dix étapes. La course se fait en moyenne à 4000 m d’altitude. Imaginez que Dangima Lama Sherpa, le vainqueur de 2005, l’a fait en 26 heures et 21 minutes. Il avait plus de sept heures d’avance sur le premier non-Népalais. De toute façon, si gravir l’Everest était une discipline olympique, les 10 premiers seraient Népalais. Quelle résistance physique ils ont! Nous étions au même lodge que Yangdi Lama Sherpa à Tengpoche, elle qui a terminé troisième chez les filles (j’ai écrit deuxième sur ma photo, désolé!). Elle nous disait que son seul entraînement était la lecture et la relaxation. Elle a presque battu une championne olympique lors de cette course.

À la suite du départ des coureurs experts, on enfile la route vers Namche Bazar. Ça sent les rhododendrons et ils sont en fleurs à cette altitude. Il y en a près de trente espèces au Népal. Les rhododendrons dits géants sont des arbres pouvant atteindre 15 m de hauteur. On les trouve principalement dans les pays himalayens. Au Népal, les arbres sont très hauts, certains jusqu’à 30 m. À noter que le rhododendron rouge est la fleur nationale du Népal.

Nous revoilà à Namche Bazar. Quel village de montagne! La population est de ±1600 personnes et on a l’impression de revenir dans la civilisation. Notre hôtel du départ de notre aventure est disponible et avec bonheur on y retourne. L’accueil est très chaleureux, car notre logeuse nous reconnaît très bien! Après plus de 15 jours, on fait la tentative de prendre une bière ou deux au Norling Hôtel. Elle est bonne et elle fait son travail. Je pense à ma dernière journée de trek; demain, c’est Lukla et l’avion pour Katmandu. Quelle aventure, quels paysages, quel beau peuple!

Au matin de la dernière journée de trek, ce que l’on avait fait en deux jours à l’aller, on le fera en une petite journée. Nos globules rouges nous poussent vers le bas et ils ont soif. On se promet une bonne bouffe pour l’anniversaire de mon ami Gilles, un 54 ans fougueux ce gars. Steak et vin rouge, rien de moins pour ce soir! Au matin, c’est l’avion pour Katmandu. On regarde décoller les Twin Otter comme si on attendait le crash, tout en sachant que ce sera bientôt notre tour. Ce n’est pas explicable comment la piste est une rampe de lancement. Quel feeling le décollage! Quarante-cinq minutes plus tard, c’est Katmandu et retour à l’incontournable Katmandu Guest House.

Quel trek! Quelle fierté! Quels souvenirs! Merci à mes complices de cette aventure, Marius et Gilles, de très bons et forts voyageurs. Je repars quand vous voulez!!

Bientôt, je vous amène vers un autre beau trek!

Pour visionner ma vidéo : Épisode 6 

Plus de contenu