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Les hommes de taverne

Auteur: Éric Doyon
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Les hommes de taverne

Dernier rempart de la liberté masculine (à part les toilettes des hommes!), les tavernes furent le dernier endroit exclusivement réservé aux « messieurs Â» au Québec, et ce, jusqu’à il y a 25 ans. En effet, depuis les années 80, les femmes ont le droit d’être servies dans ces clubs de gars. Qu’est-ce que la taverne avait de si attirant pour les hommes? Entrons dans le monde mystérieux des tavernes (mesdames qui entrez avec nous, soyez discrètes s’il vous plaît!).

Une histoire de boisson
Le mot taverne nous vient du latin tavernae qui désignait, à l’époque de l’Empire romain, un local commercial situé au rez-de-chaussée d’une insulae (genre d’édifice à logement). Le tavernier était en réalité un genre de grossiste en vin qui le vendait en pichet ou en tonneau, contrairement au cabaretier qui, lui, servait du vin en petite portion au client avec un repas. Ceci explique probablement le fait que les tavernes ont été jusqu’aux années 60, avec l’arrivée des brasseries, les seuls établissements qui pouvaient vendre la bière en pichet ou en fût (qu’on appelle communément draught ou draft), la bière étant vendue ailleurs en bouteille seulement.

Les tavernes au Québec
Or, ces établissements étaient rigoureusement réservés qu’aux hommes. Les femmes n’avaient pas le droit d’entrer ni d’être servies. Et quand madame téléphonait à la taverne pour parler à monsieur, celui-ci n’était souvent pas là (« â€¦ si c’est ma femme, tu m’as pas vu! Â»). Pourtant, rien de bien exceptionnel dans la place : un décor sobre, pour ne pas dire sombre, quelques tables et chaises à bras, un comptoir et un barman (le meilleur ami de l’Homme après le chien!).

Mais l’homme n’allait pas tarder à être chassé de ce « paradis Â» lorsque, en 1979, la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques fut instituée, loi qui donnait le droit aux taverniers de vendre de la bière aux dames. Il y eut de la résistance pour se conformer à cette loi, mais en 1986, c’était la fin des tavernes réservées aux gars. En 2008, les médias rapportèrent le cas d’une taverne de la Rive-Sud qui refusait encore, en vertu d’un droit acquis dans les années 60, de servir les femmes pour une période de 100 ans! C’est presque drôle, avouez!

Vive la différence!
Bien que ça puisse paraître attrayant un endroit juste de gars, il faut reconnaître qu’aller veiller là où garçon et filles se rencontrent est bien plus amusant. Bien que les femmes se soient battues becs et ongles pour leur droit à l’égalité et à entrer dans les tavernes, il se trouve que ces mêmes femmes instaurent depuis quelques années le même genre de discrimination qu’elles ont subie avec leurs gyms réservés aux femmes. Elles invoquent les mêmes types de raisons que les Â« hommes de taverne Â» brandissaient pour exclure celles-ci. Paradoxal n’est-ce pas?

Mais le mythe de la taverne, son côté typiquement masculin, évoque encore certainement, pour les plus vieux qui ont connu le phénomène, de la nostalgie. C’est probablement le fait que les gars échappaient au contrôle de leur épouse et pouvaient s’adonner au levage du coude en toute quiétude et sans jugement de la part des autres gars sur place qui faisait de l’endroit une place si populaire. La pièce de théâtre Broue, qui se déroule dans la Taverne à Willy depuis plus de trente ans, nous ramène dans cette atmosphère de l’époque, mais de façon humoristique. À la bonne vôtre les boys!

Liens :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Taverne_(%C3%A9tablissement)
http://www.drkin.com/2010/10/12/les-tavernes-des-temps-modernes/
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archives/2008/06/20080617-104822.html

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