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Le X-Trail Orford

Michel Caron
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Le X-Trail Orford

Quelle effervescence il y avait avant le X-Trail Orford cette année! Mes amis ont presque fait exploser les serveurs informatiques de Facebook! Il y avait des centaines de coureurs nerveux et pas seulement des débutants qui espèrent « être capables de finir ». J’ai parlé à certains des favoris qui m’ont dit avoir franchement hâte au coup de départ pour arrêter de stresser et enfin se lancer sur ces sentiers. Qu’est-ce qui fait de cette course « la plus populaire course en sentiers » au Canada?
 
Je crois bien que c’est une combinaison de facteurs qui font de cette course un happening fort couru (un jeu de mots pas pire ça!). Il y a d’abord l’organisation. Depuis 5 ans, Nicolas et Annick se donnent comme objectif de faire de cette journée une occasion de dépassement dans une atmosphère sympathique. Au fil des ans, le nombre d’inscriptions est passé de 300 à plus de 1 600, et les services offerts aux coureurs ont aussi été améliorés. Cette année, une garderie a accueilli 17 enfants, tandis que l’épreuve des jeunes a été courue par 218 enfants de 3 à 12 ans.

Les trois distances répondent aux attentes d’une grande variété de coureurs et coureuses, et il est clair que le parcours de 21 km est devenu cette année un genre de championnat québécois de la course en sentiers. Le haut niveau des aspirants au titre de gagnant de cette course en dit long sur l’intérêt des coureurs élites à se démarquer lors de cet événement. Jamais je n’avais vu, au Québec, autant de « gagnants » de différentes épreuves réunis sur la ligne de départ d’une même course en sentiers.

Aux côtés des élites (je devrais plutôt écrire « derrière les élites »), il y avait cette année des centaines d’amateurs de courses semblant absolument heureux d’être partie prenante de cette compétition. Peut-être parce que la date de l’événement correspond à la fin de la saison pour plusieurs après des semaines d’entraînement rigoureux. Peut-être simplement parce qu’il y a tellement de coureurs présents, tout le monde y est!

Tout ça dans un des beaux parcs du Québec. Personnellement, je n’aime pas beaucoup courir dans les pistes de ski de fond comme on doit le faire au début du parcours du 21 km. Toutefois, ceux qui y étaient cette année ont remarqué, j’espère, les couleurs des feuilles alors que le soleil perçait. Moi, ça m’a fait mieux passer ces 12-13 km que je trouve toujours difficiles. L’escalier du nord que l’on grimpe ensuite en fait baver plus d’un, mais représente l’essence même de la course en sentiers. C’est de courir dans des sections comme celle-là qui font la réelle différence entre les « coureurs de routes » et les « coureurs de trails ». Il y a bien sûr les crêtes, où cette année nous avons pu sentir le vent typique des montagnes, à la fois rafraîchissant et déstabilisant. Comme je n’ai jamais fait les parcours de 5 et de 10 km, je ne peux vous en parler beaucoup, mais ils semblent aussi appréciés des coureurs qui s’attaquent à ces distances.

De plus, cette course bénéficie du dévouement d’une centaine de bénévoles qui s’affairent, pour certains, pendant 24 heures, afin de s’assurer de notre plaisir. Ils ne ménagent rien pour faire en sorte que notre expérience soit satisfaisante, dans un contexte le plus sécuritaire possible. Alors que nous nous réchauffons en courant, habillés comme en été, des bénévoles attendent, habillés comme pour faire de la motoneige, aux intersections et aux stations de ravitaillement...

Pour ma part, cette course est devenue un incontournable dans ma saison. L’an dernier, j’avais réalisé un temps dont j’étais fier en faisant le parcours de 21 km en 2 h 35 min. Cette année, j’ai atteint mon objectif de réduire mon temps de 5 min pour être sous les 2 h 30 min. Curieusement, ma course s’est déroulée très différemment de l’année dernière, pour ne pas dire moins bien...

L’an dernier, j’étais parti assez conservateur sur les premiers 12 km, économisant mon énergie pour la suite des choses. J’avais dépassé plus d’une dizaine de personnes uniquement dans l’escalier du nord et j’avais pu courir « à bloc » pour toute la crête avec mon amie Rachel Paquette, médaillée d’or chez les femmes. Cette année, j’ai poussé davantage dans les premiers 12 km. J’ai ensuite dépassé 5-6 personnes dans l’escalier du nord et au début des crêtes où j’ai couru en compagnie de Jasmine Ramos (troisième chez les femmes) jusqu’à ce que des crampes viennent gâcher une partie de mon plaisir... une bonne partie! Alors que j’ai l’habitude de courir quand même lorsque j’ai des crampes, j’ai choisi cette fois de m’arrêter pour m’étirer, m’hydrater, manger et prendre des capsules d’électrolytes. Pas question cette fois de courir sur des jambes crampées et d’en avoir pour deux semaines à m’en remettre! Bien sûr, toutes les personnes que je venais de dépasser m’ont à nouveau doublé, mais je me suis remis en marche puis au pas de course et les crampes ont presque disparu. D’abord convaincu que je serais moins rapide que l’an dernier, j’ai quand même décidé de tout donner pour voir où ça me mènerait. Plus j’approchais du sommet d’Orford, plus je me disais que tout n’était pas perdu et qu’en poussant, je n’atteindrais peut-être pas les 2 h 30 min, mais j’arriverais probablement à battre mon temps de 2011.

Une fois le sommet atteint, je me suis mis à littéralement débouler la piste « 4 km », doublant probablement une vingtaine de coureurs du 10 km qui partageaient cette descente avec nous. Sans ralentir et dans un contrôle très relatif, j’ai risqué gros pour descendre très rapidement l’« escapade », la section la plus glissante du parcours. Il ne restait plus qu’à remonter un peu et à me laisser descendre sous les chaises où j’ai constaté que, malgré mon arrêt sur les crêtes, j’arriverais sous les 2 h 30 min!

À la fois heureux d’avoir atteint mon objectif et déçu d’avoir dû « gérer » des crampes, je garde de cette épreuve un autre excellent souvenir et une expérience de plus sur laquelle m’appuyer lors de mes prochaines courses. Et cette fois, je n’ai pas eu le plaisir de côtoyer longuement Rachel, sinon avant le départ! Partie sur son rythme de reine du crossfit, je l’ai observée sur quelques kilomètres s’éloigner graduellement et l’ai revue bien plus tard en revenant du bar! Elle venait de gagner le 21 km chez les femmes en améliorant son temps de 12 min 30 s par rapport à l’année dernière! Elle obtenait ainsi une troisième victoire en 5 ans sur le parcours de 21 km. Du côté des hommes, David LePorho et Jeff Gosselin se sont partagés la plus haute marche du podium sur ce même parcours de 21 km. 

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