Qu’est-ce que le gaz de schiste exactement?
C’est un gaz naturel contenu dans le schiste, une roche d’apparence feuilletée. Il est dispersé çà et là entre les interstices et pour l’obtenir, il suffit de fracturer la roche avec de l’eau et des additifs sous haute pression. Le gaz de schiste est en fait une forme de gaz naturel qui contient entre 81 et 97 % de méthane (CH4). C’est donc majoritairement du méthane et c’est le même gaz qui est émis lors de flatulences, d’où le fait que vous pouvez faire flamber un pet et que le gaz de schiste ne soit pas plus dangereux qu’un pet de vache (tiré d’une citation de notre ministre Normandeau).
Mais attention!
Le méthane est très dangereux et c’est lui qui nous mènera à une dégénérescence irréversible du climat planétaire, surtout s’il est libéré à grande échelle. C’est un gaz qui possède un pouvoir d’effet de serre environ 21 fois plus grand que celui du CO2. On devrait donc faire de grands efforts pour récolter celui qui est déjà émis dans l’environnement naturellement plutôt que de le libérer. Le méthane est une bombe pour l’environnement et cette bombe est déjà en explosion!
Le méthane n’est pas seulement contenu dans les gaz de schiste du roc, mais aussi dans les fonds marins et le pergélisol.
Il est produit par les tourbières exposées à la suite de la fonte des glaciers. Par l’action de bactéries, les tourbières se mettent à produire ce gaz en grande quantité. Le réchauffement des océans provoque aussi la libération de grandes quantités de méthane solide emprisonné sous forme d’hydrates dans le sédiment. On estime qu’actuellement la quantité de méthane libérée seulement par le pergélisol en fonte est de 14 à 35 millions de tonnes par an. On estime qu’en 2100, ce sera 100 à 200 millions de tonnes. La quantité totale de méthane contenue seulement dans le sol sibérien est estimée à 70 milliards de tonnes. C’est donc un puits intarissable de gaz à effet de serre et une fois le processus enclenché, c’est irréversible.
Changements climatiques et environnementaux causés par ce gaz à effet de serre
Alors que le nombre de jours de canicule est actuellement de 3 à 10 par an, il pourrait s’élever à une moyenne de 20 à 40 en 2100. Il y aura une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes comme les pluies torrentielles, les tempêtes et les sécheresses. Les populations vivant dans des régions côtières (soit plus de cinq cent millions de personnes) risquent de voir leur environnement dégradé (érosion du littoral, salinité des aquifères, disparition des zones humides, inondations permanentes). L’accroissement de l’évaporation devrait augmenter localement la pluviosité hivernale, sauf dans les pays méditerranéens qui verraient la sècheresse s’accentuer. L’agriculture du nord des États-Unis, du Canada, de la Russie et des pays nordiques pourrait peut-être en profiter en raison d’une période plus longue et favorable à la culture, ainsi que d’une augmentation du CO2 dans l’air, mais une baisse des rendements agricoles potentiels dans la plupart des zones tropicales et subtropicales est à prévoir.
Autres conséquences et contributions de l’effet de serre
Les océans sont présentement responsables de l’absorption d’une grande quantité de CO2. Malheureusement, lorsque la température de l’eau augmente, l’absorption diminue et ainsi, une grande quantité de CO2 sera relâchée par les océans. Le CO2 est aussi un gaz à effet de serre et contribuera donc à augmenter l’emballement du réchauffement climatique. Mais aussi, dissous, il garde le pH de l’eau bas, alors que relâché, il contribue à l’acidification des océans. L’effet miroir de la neige et de la glace sera remplacé par des couleurs plus absorbantes. C’est connu, le blanc de la neige réfléchit la lumière alors que le brun de la terre et des tourbières l’absorbe pour la dissiper en chaleur. Ainsi, moins il y aura de glace et de neige, plus le sol absorbera la lumière pour la transformer en chaleur, c’est donc une contribution supplémentaire au réchauffement climatique. Le Gulf Stream pourrait être affecté par la désalinisation de l’eau aux abords des glaciers qui fondent. Ainsi, le courant créé par des eaux plus froides et salines du Nord et qui plongent sous les eaux moins denses et plus chaude du Sud pourrait ralentir, diminuant ainsi l’échange de chaleur de l’équateur vers l’arctique par l’océan. Les températures pourraient alors plonger dans les régions nordiques et atteindre des sommets près de l’équateur.
Voilà pourquoi le méthane est présentement le gaz le plus dangereux sur la planète, causant l’emballement du réchauffement climatique. Le gaz de schiste composé de 81 à 97 % de ce gaz n’est qu’une des sources possibles d’émission du méthane qu’il faudrait encapsuler plutôt que de libérer.