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La chimio avec des produits naturels en médecine; connaissez-vous l’histoire du taxol?
Il a été découvert en 1967 par Monroe E. Wall et Mansukh C. Wani du National Cancer Institute des États-Unis, mais ce n’est que récemment qu’il a finalement pu être utilisé pour les traitements contre le cancer. La principale raison? On ne le retrouvait que dans l’écorce de l’if du Pacifique et plus de 1200 kg d’écorce étaient nécessaires pour obtenir seulement 10 g de taxol pur. Son efficacité pour détruire les cellules cancéreuses était sans équivoque et très prometteuse, mais la destruction massive de l’if du Pacifique jusqu’à sa disparition n’était pas vraiment envisageable.
Alors les chimistes du monde se sont mis au travail pour trouver la voie de synthèse. Je me rappelle encore, lorsque j’étais au bacc. à l’Université de Sherbrooke, à quel point les recherches étaient axées sur cet espoir au laboratoire du professeur Pierre Deslongchamps. Une voie semi-synthétique a finalement été trouvée par Robert A. Holton, puis brevetée par Bristol-Myers Squibb en 1992 et une autre par K.C. Nicolaou du Scripps Research Institute. Le Canadien Pierre Deslongchamps a publié un article en 2006 traitant de nouvelles stratégies plus efficaces via la macrocyclisation pour faciliter la synthèse.
Mais malheureusement, la science a bien du retard sur la nature et vu la complexité de la molécule, la voie synthétique demeure très coûteuse.
 
Aujourd’hui, la majorité de la production de paclitaxel (taxol) utilise la fermentation de cellules végétales, une technologie développée par Ithaca New York. On utilise une lignée de cellules Taxus spécifique, propagée dans une solution aqueuse et de grandes cuves de fermentation avec le champignon Penicillium endophytique raistrickii. Le paclitaxel est alors extrait directement, purifié par chromatographie et isolé par cristallisation.
En pratique, de nos jours, le taxol est utilisé pour le traitement des cancers du sein, de l’ovaire, du poumon, de la vessie, de la prostate, de l’oesophage et le mélanome, ainsi que d’autres types de tumeurs solides. Il a également été utilisé contre le sarcome de Kaposi.
D’autres sources de taxol et ses dérivés alkaloïdes sont prometteuses en 2013. L’if du Canada contient aussi du taxol. On le trouve au Québec, en Ontario, dans les Maritimes, à Terre-Neuve ainsi que dans quelques régions au nord des États-Unis. Bioxel Pharma, une entreprise de produits biopharmaceutiques située à Sainte-Foy (Québec), transforme les branches d’ifs en taxol, sans détruire l’arbre, et donc de façon sécuritaire pour l’espèce. Des croisements et une sélection génétique pour augmenter la concentration de taxol de ces Ifs est en cours. Sa domestication (culture) et le bouturage sont déjà envisagés au Québec. 
Les recherches dans le domaine sont d’autant plus populaires dans le monde scientifique aujourd’hui. De nouveaux dérivés du taxol, plus efficaces pour d’autres types de cancers et extraits d’algues, élargissent les vertus de cette lignée de produits naturels efficaces contre le cancer. Par ailleurs, les voies synthétiques ne cessent de s’améliorer, permettant d’isoler, de combiner ou même de créer de nouveaux médicaments anticancer.
Références : 
Eur. J. Org. Chem. 2006, 3681ñ3686 
http://pages.derytele.com/taxus/documents/etude.pdf 
J.Am, Chem. Soc. 2013, 135, 10164-10171  
http://www.radio-canada.ca/actualite/semaineverte/011216/ifcanada.html 
http://en.wikipedia.org/wiki/Paclitaxel
http://www.bmscanada.ca/static/products/en/pm_pdf/Taxol_EN_PM.pdf
http://sante-az.aufeminin.com/w/sante/m5622479/medicaments/taxol.html
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