Depuis plusieurs années, on se fait inonder de films de super-héros et de vilains : Spiderman, Thor, les Avengers, etc. On a également vu l’apparition de gens qui se prennent pour des héros et des vilains. Je cite, comme exemples, le tueur James Holmes, qui se prenait pour le Joker ou encore le « héros » Pheonix Jones, qui protège les rues de Seattle.
Dans le monde des bandes dessinées, un vilain en particulier fait vraiment peur : Lex Luthor. C’est l’un des némésis de Superman, un des héros les plus puissants jamais créés (débat de nerds à suivre). Dans les bandes dessinées, Luthor usurpe le poste de président des États-Unis, développe des armes génétiques et tente à bien des reprises de tuer Superman. Dans le film Le retour de Superman de 2006, Kevin Spacey, qui interprète le rôle de Luthor, tente même de créer un nouveau continent qu’il pourrait séparer en lots et vendre aux plus offrants.
C’est quoi le lien avec l’environnement?
Vous vous demandez probablement où je veux en venir avec toute cette mise en scène, non? Eh bien, je tenais à faire une comparaison, car récemment, un homme a été arrêté pour avoir commis un crime qui s’approche de ce que ferait Luthor s’il existait vraiment. Son nom? Russ George, chef exécutif de la compagnie Planktos Inc. Ce qu’il a fait? Il a « dompé » quelque 100 tonnes de sulfate de fer dans l’océan Pacifique, sur la côte canadienne.
Le sulfate de fer
Qu’est-ce que c’est que ça? Le sulfate de fer est un composé qui fait débattre bien des scientifiques. L’idée est simple. Une des plus grandes ressources de l’océan est le plancton. Cet organisme microscopique absorbe du carbone lors de sa croissance (photosynthèse). Lorsqu’il meurt, le plancton coule au fond de l’océan, ce qui encapsule le carbone au fond de la mer. La théorie a donc été avancée qu’avec assez de plancton, on pourrait encapsuler d’énormes quantités de carbone, ce qui, en retour, aiderait à régler le problème lié aux gaz à effet de serre. Bon, c’est une synthèse très rapide mais vous comprenez l’idée.
Mais le sulfate de fer, lui? Lors de sa croissance, le plancton a besoin de fer, en plus de carbone et de lumière; entre donc en jeu le sulfate de fer. Ce composé agit comme un engrais pour le plancton, alors en théorie, si on fertilise l’océan, on accroît la quantité de plancton qui absorbe d’énormes quantités de carbone et l’emprisonne au fond de l’océan. C’est-tu pas beau ça?
Le problème
Il est impensable de croire qu’un écosystème peut s’adapter à l’introduction d’éléments étrangers comme le sulfate de fer sans subir des conséquences. Selon les scientifiques, on risque de causer des dommages irréversibles aux océans. Parmi ces risques, on compte l’acidification de l’eau ainsi que la création de zones mortes et de vagues toxiques. Donc, rien de bien agréable.
Mais comment cet idiot a-t-il réussi à balancer 100 tonnes de sulfate de fer dans l’eau?
Il a réussi cet exploit (lire crime) en trompant un village indigène du peuple Haida. Ce peuple habite un archipel situé sur la côte ouest du Canada, dans l’océan Pacifique. Cet archipel abrite un des écosystèmes les plus riches du monde. Russ George a proposé au conseil de bande de la nation de mettre en place la Corporation de restauration du saumon Haida. Cette corporation avait comme but d’augmenter la quantité de saumons se trouvant dans les eaux entourant l’archipel. Le saumon étant l’une des principales sources de revenus du peuple, ils ont sauté sur l’occasion et ont investi plus d’un million de dollars dans l’entreprise.
Lois brisées
Ce n’est pas un, mais deux traités internationaux que George a enfreignés : la convention sur la diversité biologique des Nations Unies ainsi que la convention de Londres sur la pollution marine. Ces deux traités interdisent l’apport de fertilisants à des fins lucratives dans les océans du globe.
Des discussions sont en cours afin de mettre à jour les moratoires en place afin de les rendre encore plus sévères… mais en attendant, aucune action ne semble avoir été prise contre Russ George.
Récidiviste
Ce n’est pas la première fois que le bonhomme tente cette expérience. Ses tentatives précédentes visaient les côtes des îles Galápagos et des îles Canaries. Toutefois, il n’a pas réussi à réaliser ses expériences et ses navires sont maintenant bannis dans plusieurs ports internationaux. Les États-Unis lui ont d’ailleurs interdit de brandir leur drapeau sur ses navires.
C’est sûr que les crimes de Lex Luthor ont des conséquences plus désastreuses, mais avec des gestes comme ceux-là, on s’approche de son échelle criminelle. À quand les expériences de terraformation ou pire??!!?