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À l’abordage : Les corsaires du Saint-Laurent

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Pirates, corsaires ou flibustiers?

Pour la majorité d’entre nous, un pirate, un corsaire ou un flibustier, c’est la même chose. Bien qu’ils soient tous des marins attaquant des navires, il y a pourtant une grande distinction à faire entre les camps. Tout d’abord, le flibustier, ou pirate, est un brigand des mers, un hors-la-loi. Son but est de faire ce que l’on appelait la guerre de course à la recherche d’un vaisseau à piller pour son propre profit et celui de son équipage. Le corsaire, lui, même s’il fait pratiquement la même chose, le fait avec la bénédiction, l’assentiment des autorités. Ainsi, lorsque le roi voulait ralentir le commerce d’un pays ennemi, il envoyait en patrouille un ou des corsaires à la chasse aux navires, afin de se saisir du butin. Les corsaires qui voulaient servir dans ce genre de mission pour le souverain devaient être munis d’une lettre de marque, un document officiel remis à celui-ci après une enquête. Ainsi munis de leur lettre de marque, les corsaires de la Nouvelle-France ont pu servir à garder les flibustiers anglais loin du centre de la colonie dans des périodes de tensions entre les diverses colonies.

Corsaires de la Nouvelle-France

La liste des corsaires canadiens ou français ayant servi en Nouvelle-France est longue, mais bien inconnue par les Québécois en général. Parmi ceux-ci, il y a le corsaire français Jacques Kanon (il porte bien son nom!) qui fut nommé lieutenant de frégate pour haut fait d’armes dans la Manche lors de la guerre de Sept Ans. On le retrouve à Québec lors du siège de la ville en 1759 par la flotte britannique. Bien qu’officier de la Marine française, son bagage de corsaire lui pousse dans le dos et il réussit à capturer deux navires anglais qui bombardent la ville : le Racehorce et le Morthilla. Ces prises totalisent 5824 livres, 4 sols et 3 deniers de butin! Il aide aussi à organiser la défense de la ville et fait un plan pour incendier celle-ci. Pour ce faire, il prépare une attaque des navires anglais la nuit du 28 juin 1759. Les forces françaises lancent de la rivière Saint-Charles une grande quantité de bateaux et de brûlots que l’on allume dans le but d’incendier les navires ennemis. Malheureusement, l’opération échoue… Kanon quittera Québec après la capitulation et poursuivra son service dans la marine encore plusieurs années.

Brûlots lancés contre la flotte anglaise devant Québec en 1759 avec les navires de Jacques Kanon.

L’autre corsaire le plus connu et le plus inspirant, un personnage absolument exceptionnel par sa vigueur, sa vision et son courage, est le Canadien de naissance Pierre Lemoyne d’Iberville. Il est connu comme étant un aventurier, un soldat et, bien sûr, un corsaire. Né à Ville-Marie (Montréal) en 1661, il s’intéresse très tôt à la vie de marin. On le retrouve dès 1686 à guerroyer dans l’estuaire du Saint-Laurent et la Baie d’Hudson afin de harceler les Anglais qui avaient établi des postes de traite et des forts. Par contre, la bataille la plus célèbre livrée par d’Iberville demeure la bataille de la Baie d’Hudson le 5 septembre 1697. Alors que son navire le Pélican et une flottille française se rendent dans la Baie d’Hudson afin de détruire des forts anglais, le Pélican s’écarte du reste de l’escadre à cause du brouillard. D’Iberville aperçoit trois navires anglais qu’il prend tout d’abord pour ses navires et quand il réalise la méprise, bien qu'il soit seul contre trois, il décide d’attaquer quand même. Dans ce combat, il coule le Hampshire, met en fuite le Dering et capture le Hudson Bay et sa cargaison! C’est sans doute le plus beau fait d’armes naval de la Nouvelle-France. Pas mal pour un corsaire!

Réplique grandeur nature du Pélican, faite à La Malbaie en 1992.

Autres corsaires et flibustiers

Il serait trop long de mentionner tous les pirates et corsaires qui ont œuvré au pays il y a près de 300 ans, mais mentionnons tout de même quelques noms célèbres : Léon Roussy, flibustier dans la baie des Chaleurs; Michel de Salaberry, corsaire pendant la guerre de Succession d’Autriche et plus tard nommé capitaine dans la marine pour services rendus; Jacques-François Morin dit Bonsecours, pêcheur et armateur qui possédait son propre navire corsaire, le Trompeur. Mentionnons également Louis Prat, Jean Outlan, Pierre Morpain, Jean Léger de la Grange, Charles Robin… Ces corsaires, toujours prêts à en découdre avec des navires anglais pour le butin, étaient très respectés par les habitants de la Nouvelle-France. On peut parler de « brigands-gentilshommes ».

Liens :

www.enclobec.com

pacmusee.qc.ca

www.museedelhistoire.ca

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