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Vallières fabrique l’aube… et de la bonne musique!

D’entrée de jeu, je dois avouer (ne le prends pas mal Vincent) que les premiers albums, bien qu’originaux, me laissaient plutôt indifférent. C’est avec Le repère tranquille, en 2006, qu’il est venu me chercher. Bien que je trouvais le disque inégal, sa fraîcheur, l’inspiration, la qualité des textes et de la production m’avaient agréablement étonné. Pour moi, Le Vincent qui chantait Ti-Guy venait de franchir une étape importante et il m’apparaissait clair qu’il s’imposait maintenant parmi les meilleurs.

Cela dit, Le monde tourne fort, l’album de 2009, m’apparaissait encore supérieur et la direction musicale était pour moi la bonne; autrement dit, le bon disque au bon moment par le bon artiste. J’avais donné à l’époque la note du 8 sur 10 à cet album, et j’avais dit à mes collègues de la radio que la chanson On va s’aimer encore allait probablement être son plus gros succès à vie, une candidate pour la chanson de l’année à L’ADISQ et une chanson qui fera partie du répertoire québécois pour longtemps. J’étais content d’avoir vu juste sur celle-là! Lol! Mais sérieusement, le « son » de Vallières était maintenant clair et lui appartenait. Son identité musicale était beaucoup plus définie.

La suite s’appelle Fabriquer l’Aube


Ce n’est pas facile de revenir ensuite proposer au public quelque chose de nouveau. Il y a plusieurs doutes, dualités, qui peuvent s’installer dans la tête de l’artiste, plusieurs choix, souvent déchirants, à faire. Est-ce que je fais une suite logique au disque en demeurant dans le même ton? Mais je ne veux pas refaire encore et encore des chansons qui sont des pâles copies de mes précédentes! Est-ce que je propose quelque chose de complètement différent? Si tel est le cas, comment les gens vont réagir? Une fois qu’on goûte au succès commercial, on ne veut pas l’échapper, mais en même temps, on ne veut pas nécessairement faire un disque seulement pour la gloire; on veut que le disque nous colle à la peau, et les artistes évoluent… si seulement le public pouvait évoluer au même rythme! 
Je pense qu’un des plus beaux accomplissements de Vallières avec ce disque (même si aux yeux de certains ça peut sembler une faiblesse), c’est d’avoir su évoluer encore, tout en ne s’éloignant pas trop de la recette que son public aime. C’est complexe à réaliser. Oui, des fois, on sent qu’il pourrait s’éclater davantage, qu’il semble « formaté », mais en même temps, on ne peut nier la beauté de la chanson, de la mélodie et du texte… Alors tout en étant très commercialisable, sa musique a conservé une identité personnelle, et reflète ce qu’est Vincent maintenant.
J’aime beaucoup les arrangements sur ce disque et la façon dont Vincent construit ses chansons. Dès le premier titre, En regardant finir le monde, on comprend qu’on a droit à du matériel rafraîchissant. Honnêtement, Vallières fait du bien dans le paysage musical québécois. Ce n’est pas le plus grand chanteur, il raconte plus qu’il pousse la note, il est parfois nasillard, mais cette voix et cette façon d’interpréter ses chansons est authentique, elle est vraie, et ça fait partie de ce qui définit le son de Vincent. Sa musique folk, un peu rock, un peu country, n’a pas une étiquette précise, sinon celle d’être la musique de Vincent Vallières.
La plume de Vincent est belle, voire brillante, mais comme tout le monde, il a ses bons et moins bons moments. Si j’ai aimé Asbestos, j’ai beaucoup moins aimé Fermont, qui tourne autour du même sujet, mais traité d’une autre manière. Sinon, je vous dirais que la chanson au style « dylanesque », Avec toi, est ma préférée, la simplicité de Je bûche est désarmante, Stone est une bombe, et la façon dont il s’adresse à Lili est sincère, chaleureuse, même que sur le plan vocal, sur celle-là, il sort de sa zone de confort. L’amour c’est pas pour les peureux sera l’une des plus populaires, tout comme La chanson de la dernière chance. 

Conclusion

Il ne vous décevra pas. Il s’affirme dans son genre et pousse dans la direction qui lui tente, mais avec délicatesse. Quand j’écoute ses deux derniers albums, je me dis que Vincent aurait pu être le 7e Wilburys. Pour ceux qui connaissent les Traveling Wilburys, vous voyez certainement ce que je veux dire. Bon, ils étaient cinq, mais le batteur était considéré comme le 6e, ok? Donc, Vincent serait le 7e.
Sérieusement, prenez la peine de tendre l’oreille à ce disque; l’aube suivante pourrait être plus ensoleillée.
À noter aussi que j’aime beaucoup la pochette de l’album. Très jolie! 🙂
Note: 8.5 sur 10
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