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Critique BD: Au second plan

 

J’aime beaucoup la photographie. Je ne prétends pas être un professionnel, mais j’adore immortaliser des choses, souvent simples, avec mon appareil reflex. Voilà pourquoi Au second plan, le nouvel album de Joseph Busquet et Pedro J Colombo, a tout de suite suscité mon intérêt. 

Il y raconte l’histoire de Raul un jeune photographe bourré de talents qui est obligé de faire un emploi « alimentaire » pour survivre. En effet, il travaille dans un magasin d’appareils photo où il prend de temps en temps des photographies pour des passeports. Sa soeur lui trouve aussi, à l’occasion, des contrats pour des photos de mariage. 

Mais tout cela l’ennuie profondément. Ce que Raul aime par-dessus tout, c’est de croquer des scènes sur le vif, comme une femme semblant vraiment pressée, ou encore un homme sur le bord d’un canal avec un long objet emballé à ses côtés. 

Son plus grand plaisir est alors d’inventer des histoires sur ce qu’il vient de prendre. Qu’est-ce que l’homme tient à ses côtés? Une canne à pêche? Un fusil de précision? Il ne le saura sûrement jamais, mais qu’importe! 

Un beau jour, sur son blogue, où il publie ses photos, un internaute lui indique qu’il aime ce qu’il fait. Curieux, il va consulter son profil et découvre la photo d’une jolie femme rousse. Son regard lui dit quelque chose. En cherchant dans ses archives, il va découvrir qu’elle apparait en second plan sur l’une de ses vieilles photographies. Immédiatement, il va tenter de savoir qui est cette mystérieuse femme. Ça tombe bien, car elle semble connaitre sa soeur…

Une histoire d’amour inachevée 

Quand on est amoureux, vous le savez, on peut se faire une tonne de scénarios dans notre tête. On peut s’imaginer qu’une femme nous trouve stupides parce qu’on a dit ou fait quelque chose de prétendument ridicule sous l’effet de la nervosité, alors qu’au contraire, elle nous a trouvé comiques. 

Le plus drôle, c’est que 99,9 % de toutes ces histoires qu'on s'invente sont en réalité sans fondement. C’est justement ce sujet que souhaite aborder Busquet dans Au second plan. Et disons qu’il le fait très bien. 

La photographie est évidemment bien présente, mais c’est cet aspect qui finit par prendre le dessus. C’est comme si le lecteur avait un accès privilégié à la tête d’une personne profondément amoureuse.

Oui, Raul va devenir complètement fou de cette jeune femme. Elle va finir par hanter toutes ses pensées. Attention! Le jeune homme ne va pas se transformer en tueur psychopathe. Disons plutôt qu’il va se comporter comme une personne amoureuse « normale ».

Et comme toute personne amoureuse, Raul va avoir des pensées souvent tirées par les cheveux et se mettre à croire n’importe quoi. Bien sûr, on rigole beaucoup quand on les lit parce que nous savons, comme lecteur objectif et détaché, que ça n’a pas de bon sens. En même temps, on ne peut pas vraiment juger le jeune homme, parce que nous aussi, lorsque nous avons été amoureux, nous avons été aussi bêtes.

Ce qui est bien également, c’est qu’Au second plan nous présente, en fin d’album, la version de cette fameuse rouquine. Même si elle est moins étoffée que la première partie, elle nous permet d’aborder d’un angle nouveau cette histoire d’amour atypique et exempte de clichés. Étonnamment, même si la fin est assez inattendue, elle ne nous laisse pas avec un goût amer… mais plutôt avec un large sourire! 

De son côté, le dessin très lisse et doux de Colombo permet justement de se concentrer sur les émotions des personnages. Son trait est plutôt discret. Il sait quand même nous surprendre quand vient le temps d’illustrer des décors extérieurs ou des scènes de foule.

Verdict 

« Brillant! » C’est le mot que je me suis surpris à dire en terminant ma lecture d’Au second plan. Et je pense que vous direz probablement la même chose après l’avoir lu! Honnêtement, c’est rare de lire une histoire d’amour originale qui ne finit pas dans le sang et les larmes. Je pense que Joseph Busquet et Pedro J Colombo y sont parvenus avec brio avec leur album.

Au second plan 

Joseph Busquet et Pedro J Colombo

92 pages

Diabolo 

 

Cote : 4,5 étoiles sur 5.

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