Aller au contenu
À voir et à lire en juillet -2

Comment faire

Pascaline Lefebvre nous offre son premier album, Comment faire, publié aux éditions de La Mauvaise tête. Et on peut dire qu’elle s’est éclatée! Elle nous offre une oeuvre loufoque, intelligente et qui porte à réflexion.

À l'opposé des standards

Oubliez les bandes dessinées traditionnelles avec leurs cases strictes et leurs héros vertueux. Comment faire est tout sauf ça! Il n’y a pas vraiment de trame narrative ni de chapitre. Il m’a plus semblé en fait qu’il s’agissait d’un journal intime dans lequel des personnages s’exprimaient sur tout et sur rien, et ce, sans aucun filtre. 

Ce qui m’a le plus frappé pendant ma lecture, c’est la candeur désarmante des protagonistes face à diverses situations, comme recevoir un prix humiliant. Qui pourrait bien être content de se voir remettre le trophée de la recherche abusive d’attention? Et pourtant! Les personnages de Comment faire, eux, sont heureux de cette récompense!

Sans nous outrer, les gestes et les pensées des personnages, qui s’éloignent des « normes » véhiculées par notre société, nous déstabilisent et portent donc la plupart du temps à interprétation. Et ce qui est bien, c’est que chaque lecteur pourra interpréter à sa manière cette oeuvre. On ne sent jamais que l’auteure force les choses.

L’un des meilleurs exemples est sans aucun doute la petite histoire s’intitulant « On est jeudi ». Pour faire bref, un personnage se met à réfléchir un jeudi sans trop savoir pourquoi. Grâce à des schémas, c’est comme si on pouvait entrer littéralement dans son esprit. À première vue, on pense que ça n’a aucun sens. Dans ses réflexions, il passe du coq à l’âne. Il pense par exemple à du sucre, puis à un cheval, et ainsi de suite, sans structure ni plan. Mais après, quand on se met à y récfléchir, on réalise que nous aussi, nos réflexions n’ont souvent ni queue ni tête. Brillant!

De la logique?

On va régulièrement essayer de trouver un raisonnement logique derrière telle ou telle situation, mais en vain. L’humain souhaite toujours tout catégoriser et tout expliquer, mais Comment faire nous prouve avec originalité et humour que c’est parfois très difficile ou tout simplement impossible. 

La magnifique couverture est à l’image du dessin de l’album : simple (voire quelquefois enfantin), épuré, mais drôlement efficace. L’auteure s’amuse du début à la fin avec ses personnages en forme de « bonshommes » en leur donnant des positions, la plupart du temps, surréalistes. Mais on sent aussi qu’il y a eu une certaine recherche du point de vue de l’anatomie, car le tout nous paraît quand même cohérent. Elle s’offre également une grande liberté sur le plan graphique. Certaines pages ont des cases, d’autres n’en ont pas. Bref, elle ne s'est imposé aucune règle. J'adore!

Verdict

Malgré le fait qu’il y ait un nuage (voulu) d’absurdité qui plane au-dessus de Comment faire et que l’album ne respecte pas les « standards » de la bande dessinée, l’oeuvre de Pascaline Lefebvre emmène un vent de fraîcheur dans le 9e art québécois. Comme quoi c'est encore possible en 2014 de surprendre. En somme, un album que l’on prendra plaisir à apporter à la plage ou sur le bord de la piscine, l’été, quand le temps semble s’arrêter.

Comment faire 

Pascaline Lefebvre

160 pages

La Mauvaise tête

Cote : 4 étoiles sur 5

Plus de contenu