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« Sauvons M. Banks » : les longues négociations entourant le tournage de Mary Poppins

De longues négociations

Après plusieurs demandes, Pamela L. Travers (Emma Thompson), l’écrivaine de Mary Poppins, se rend à Los Angeles, en 1961, pour rencontrer nul autre que Walt Disney (Tom Hanks). Celui-ci veut réaliser une adaptation du roman. La romancière n’est pas vraiment d’accord avec cette idée et a peur que le géant hollywoodien dénaturalise son œuvre.

Comme l’argent commence à se faire rare, l’écrivaine accepte de participer au projet. Cependant, elle veut avoir le dernier mot sur tout, mais vraiment tout. Elle contrôle tous les aspects de la production : le scénario, la musique, les décors, les costumes et même l’apparence des personnages.

Cette expérience sera l’occasion pour elle de revisiter son enfance et de se remémorer sa jeunesse en Australie, notamment sa relation avec son père (Colin Farrell), qui a inspiré le rôle de M. Banks dans son livre.

Une actrice merveilleuse

Emma Thompson est magistrale dans son rôle. Elle interprète une femme de caractère, qui porte une grande importance aux bonnes manières (son personnage est insulté, car au studio de Disney, tout le monde s'appelle par son prénom) et qui n’a surtout pas peur de dire non pour protéger son « bébé ». En revanche, derrière sa carapace de femme froide se cache quelqu’un qui a eu une jeunesse difficile et qui a connu son lot de souffrances.

Il n’est jamais facile de jouer des personnages célèbres de l’ère moderne puisqu’on peut les comparer facilement avec des enregistrements vidéo ou audio, ou encore avec des photographies. La récente prestation d'Ashton Kutcher dans JOBS en est un bon exemple : d'un côté on crie au génie et de l'autre, on dit qu'il en fait trop.

De son côté, Tom Hanks est évidemment (et heureusement?) beaucoup moins caricatural, même si on peut sentir la magie de Disney au fond de ses yeux. Le film ne tourne pas autour de lui et il est donc moins présent à l’écran. En revanche, il donne bien la réplique à Thompson; les séquences mettant en scène les deux comédiens sont toujours croustillantes et parmi les meilleures du film.

Le reste de la distribution de Sauvons M. Banks est aussi fort compétente. Plusieurs acteurs réussissent à briller, et ce, même s’ils ont de tout petits rôles. Par exemple, dans le rôle du chauffeur Ralph, Paul Giamatti est exquis.

Colin Farrell figure également au générique, mais ses interventions sont peu nombreuses (quoique vraiment importantes pour l'intrigue). On ne le voit, en effet, que dans les retours en arrière (lesquels sont brillamment mis en scène et bien incorporés au reste du récit). Pour ma part, j’ai eu beaucoup de plaisir à constater qu’il avait fait un effort pour sortir un peu de sa zone de confort. En effet, il interprète un père pas comme les autres, à l’imagination fertile. Au final, il est assez convaincant.

Malheureusement, je n’ai pas lu beaucoup sur la production de Mary Poppins et je ne peux donc pas vous dire si ça s’est réellement passé comme cela. Par contre, on peut affirmer que ce film a sa place en 2013, ne serait-ce que pour nous montrer l’envers du décor. À mon sens, on ne se questionne que trop peu souvent sur ce qui se passe en coulisses. On oublie que la production d’un long métrage peut parfois être longue et fastidieuse. Sauvons M. Banks en est un très bon exemple.

Verdict

Au final, que vous ayez vu ou non Mary Poppins, Sauvons M. Banks vaut la peine d’être regardé. En plus de compter sur une distribution solide (bravo à Emma Thompson), le long métrage de John Lee Hancock nous fait réaliser que préparer un film peut être beaucoup plus difficile et prendre plus de temps qu'il n'y paraît.

Cote : 3,5 étoiles sur 5

Sauvons M. Banks prend l'affiche le 20 décembre 2013.

Suivez Philippe Michaud sur Twitter via @Micph.

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