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Quoi de plus normal qu’infliger la vie : avoir des enfants est-il toujours obligatoire?

Il faut dire que l’éditeur québécois s’était fait plutôt discret dans les derniers mois. L’année passée, on n’avait eu droit qu’à Tailleurs d’histoires de Clément de Gaulejac. Pour célébrer le retour de la maison d’édition, celle-ci a lancé cet automne trois nouvelles bandes dessinées dont Quoi de plus normal qu’infliger la vie. Je n’ai pas lu encore les deux autres, mais si ces dernières ont le même niveau que l’album d’Oriane Lassus, ça promet!

L’auteure met en scène dans sa bande dessinée une femme qui ne veut pas avoir d’enfants. Quand elle annonce cette nouvelle aux autres, elle fait souvent face à de la condescendance, de l’indignation, voire du mépris. On lui rabâche le même refrain : ce n’est pas normal de refuser de procréer.

Avec une liberté totale et absolue (ne cherchez pas de filtres, il n'y en a pas), la protagoniste justifie son point de vue. Elle s’amuse par exemple à parodier les publicités s’adressant aux parents de jeunes enfants ou encore les supposées joies de la grossesse. Pour elle, tout ceci n'a rien d'attrayant.

En même temps, elle ne cherche pas à convaincre ses détracteurs qu’ils ont tort. Elle fait plutôt cet exercice pour elle-même. Parce qu’elle se fout en fait de ce que les autres pensent…

Le lecteur entre dans sa tête et peut voir l’étendue de ses pensées. La protagoniste ne cherche jamais à se censurer. Ces idées sont souvent brutes et parfois confuses, mais toujours très franches.

Cela dit, le texte baigne constamment dans l’humour grinçant. Certains passages, un peu trop aigres, pourraient même choquer certains lecteurs qui ont des enfants ou qui croient en la nécessité de donner la vie.

Ayant moi-même deux jeunes filles, je n’ai toutefois pas du tout été froissé par les propos d’Oriane Lassus. Je pense que le point de vue de son héroïne est même tout à fait justifiable. D'ailleurs, je ne cacherai pas que j’ai ri énormément. Sa plume est bien plus affutée que celle de beaucoup d'humoristes!

Le visuel est quant à lui en totale harmonie avec le texte. C’est un parfait mélange entre dessins satiriques des dernières décennies et la caricature. La bédéiste s’affranchit des cases et des règles parfois trop strictes de la bande dessinée pour créer un dessin qui a l’effet d’un coup de poing.

Verdict

Nous saluons l’audace d’Oriane Lassus qui a traité d’un sujet encore peu exploité dans le domaine de la bande dessinée. Quoi de plus normal qu’infliger la vie est une œuvre forte qui ne passera certainement pas inaperçue. Si elle s’adresse d’abord aux femmes, les hommes reconnaitront assurément les qualités de ce superbe album.

Quoi de plus normal qu’infliger la vie 

Oriane Lassus

60 pages

La mauvaise tête

Cote : 4 étoiles sur 5

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