Récit d’horreur confectionné dans les règles parfaites de l’art, présenté de façon fluide, vigoureuse et savamment calculée.
Sous la forme des notes personnelles d’un jeune homme séquestré, ce roman nous amène auprès d’une famille catholique traditionnelle québécoise, dont le père poursuit une oeuvre morbide et abjecte, fondée sur sa connaissance quasi-parfaite du jeu des échecs et un sens étriqué de la justice. Pour quitter cet abri, le jeune séquestré devra réussir à battre aux échecs un tueur névrosé.
Ces bases servent à construire un suspense parfait, enrobé d’éléments rendus jubilatoires par leurs qualités cauchemardesques : un couple emprisonné par le secret, dont l’homme psychopathe mégalomane entretient une femme catholique au point d’en être niaiseuse, un héro plat, jeune et parfaitement « ordinaire », des personnages secondaires maladifs entachés de tares saisissantes.
Les journaux personnels de la femme du séquestreur (presque autant prisonnière que le héro) et celui du « jeune », personnage principal de l’histoire, étayent le récit au compte-gouttes, en un rythme lent et superbement lancinant.
Excellent pour l’amateur d’horreur et de sensations fortes, le tout demeure extrêmement divertissant. C’est strictement de la littérature populaire, d’influence américaine, voire du Stephen King québécois.
Quelques faits à propos de 5150 rue des Ormes :
Ce roman a été publié aux éditions Alire, maison d’édition grand-public québécoise qui en elle-même mériterait un article.
Le décor et les personnages typiquement montréalais ont révolutionné la littérature québécoise de l’époque (ce livre a été publié au cours des désormais lointaines annés 90!) et probablement promulgué la maison d’édition vers la viablité commerciale.
J’ai lu ce livre grâce à Christian Daigle, un fanatique de l’auteur chroniqueur sur Affaires de gars. J’attends sa contre-critique…