« Le Guide du Mauvais Père » : Les difficultés d’élever des enfants quand on est un père
Philippe MichaudLes aventures d'un père qui ne respecte pas toujours les règles de l'art
Le guide, qui compte près de 200 pages, est découpé en plusieurs petites histoires dans lesquelles l’auteur agit chaque fois comme un père « mauvais ». J’ai mis le mot entre guillemets, car sa conduite n’est pas non plus celle d’un père insouciant qui mettrait la vie de ses enfants en danger. Le tout, qui est toujours traité avec une dose d’humour, est bon enfant, si bien qu’il est impossible de ressentir un quelconque mépris à l'égard des situations exposées.
Alors, quelles sont ces fameuses situations dans lesquelles il agit comme un mauvais père? Il y en a plusieurs (environ une douzaine) qui sont toutes tirées de la vie quotidienne. Par exemple, dans l’une d'elles, il tente d’enlever la dent chambranlante de sa fille à l’aide d’une ficelle attachée à une poignée de porte, tandis que dans une autre, il fait inutilement peur à son fils à la plage en lui parlant de requins.
Chaque fois ou presque, il profite de la naïveté, voire de la candeur de ses enfants (un petit garçon et une petite fille) qui boivent souvent ses paroles. Mais ils ne sont pas toujours dupes non plus. Parfois, c'est le grand qui se fait avoir. Dans l’une des histoires, par exemple, sa petite fille comprend qu’il est de mauvaise foi (et agit tout bonnement en bébé lala), juste parce qu'il vient de perdre à cache-cache contre elle.
La plupart des histoires sont bien écrites et construites sensiblement de la même manière. En effet, la conclusion prend chaque fois des allures de gags. Les blagues feront d’abord rire les papas, mais aussi ceux qui côtoient de près ou de loin des enfants et leurs parents.
Guy Delisle a déjà prouvé ses qualités de dessinateur dans d’autres oeuvres, notamment avec les merveilleuses Chroniques de Jérusalem, qui ont remporté, doit-on le rappeler, le Fauve d'or (prix du meilleur album) en 2012. Ici, on retrouve le même style que dans ses autres albums, mais avec des environnements plus épurés. L'auteur s'est surtout concentré sur les personnages (dessinés avec un trait simple, mais d’une grande finesse) qui sont d'ailleurs similaires à ce qu’on a pu voir dans ses ouvrages antérieurs. Tout ça pour dire que si vous êtes familier avec l'oeuvre du bédéiste québécois, vous serez en terrain connu.
Si je n'avais qu'un reproche à faire, il concernerait la variété des dessins. Certaines planches contenaient, à mon avis, trop souvent le même dessin. Il aurait peut-être été intéressant de varier les angles et les prises de vue.
Verdict
Grâce à un son style bien à lui, Guy Delisle parvient, avec ce deuxième volume du Guide du Mauvais Père, à nous montrer les joies et surtout les difficultés vécues par les pères dans l'éducation de leurs enfants, avec un humour chaque fois irrésistible.
Cote : 3,5 étoiles sur 5