Dès le début de notre lecture, nous réalisons que Benjamin Legrand n’a pris aucun raccourci dans son adaptation. Très romanesques, les cases de cette bande dessinée sont très remplies. Il n’est pas rare de retrouver de longues descriptions faisant une dizaine de lignes, sinon plus. Les dialogues sont également beaucoup plus longs de ce qu’on a l’habitude de voir dans le neuvième art.
Malgré cela, on ne sent presque aucune lourdeur dans la narration ou la mise en scène. Quand on a compris que Tannhauser est un album qui demande une certaine retenue, on embarque pleinement dans l’aventure.
Il faut dire que l’histoire de La Religion a tout pour plaire aux amateurs de chevaliers et de combats épiques. Elle se déroule à Malte en 1565. Les chevaliers chrétiens de l'ordre des Hospitaliers, qui se font aussi appeler la Religion, sont en plein préparatif de siège. Soliman le Magnifique et ses 45 000 soldats convoitent l’île.
Étant dix fois moins nombreux, les chevaliers n’ont d’autres choix que de demander de l’aide à Mattias Tannhauser. Cet ancien janissaire du sultan connait les tactiques des généraux de Soliman le Magnifique.
Mais Mattias n’est pas le genre d’homme à qui on donne des ordres. Les chevaliers devront user de ruse pour le convaincre de se joindre à leur cause.
Comme son nom l’indique, Tannhauser tourne surtout autour de ce personnage ou devrais-je plutôt dire de cet anti-héros. Bien que les anti-héros soient très populaires dans les œuvres de fiction parues dans les dernières années, Mattias sort du moule. Son passé ténébreux, qui rappelle un peu celui des méchants dans les séries de Marvel présentées par Netflix, fait de lui un être des plus attachants.
Et il n’y a pas juste le principal protagoniste qui est convaincant. Le dessin de Luc Jacamon nous éblouit du début à la fin, et ce, même si les cases contiennent beaucoup de textes. Les personnages étonnent par leur réalisme saisissant, alors que les décors prennent souvent des allures de cartes postales.
Habituellement, les couvertures d’albums sont plus travaillées que les cases. Ce n’est toutefois pas le cas ici. Les illustrations de Tannhauser sont aussi détaillées sinon plus que sa couverture. Bref, on n'aurait pas pu trouver un meilleur dessinateur pour donner vie à l'œuvre de Tim Willocks.
Verdict
Tannhauser n’est pas le genre d’album qu’on lit dans le métro entre deux stations. C’est une bande dessinée qui demande du calme et de la concentration pour en apprécier les multiples qualités. La Religion sera-t-elle la prochaine grande fresque historique de la bande dessinée? On le saura dans les prochaines années quand les autres tomes auront été publiés. Je suis quand même sûr que les autres opus ne décevront pas… du moins, je l'espère!
La Religion, tome 1 – Tannhauser
Cote : 4 étoiles sur 5