Aller au contenu
« La Collectionneuse » : Peut-on avoir une relation sérieuse durant une peine d’amour?

Peine d’amour et course

Pascal est en peine d’amour. Il s’est récemment séparé de son ex avec qui il a eu une longue relation. Il vit maintenant chez un couple d’amis dans une chambre de leur appartement. Il tente de remonter la pente, mais ce n’est pas facile. Pour se changer les idées, le dessinateur sort régulièrement courir. Lors de l’une de ces séances, il a un bête accident qui le force à arrêter momentanément la seule activité qu’il pratiquait.

La vie est drôlement faite, car sans sa stupide chute, il n’aurait probablement jamais rencontré Sarah, une fille qui a une drôle d’habitude : voler des livres. Malgré ce petit problème de cleptomanie, Pascal porte un vif intérêt pour cette femme, surtout qu’il l’a vue voler un livre qu’il avait écrit à la librairie!

Départ lent, histoire solide

Comparativement à d’autres œuvres, je dois avouer avoir eu un peu plus de difficulté à « embarquer » dans l’histoire. Les premières pages ne nous permettent pas de nous attacher immédiatement au héros (ou devrais-je plutôt dire au antihéros).

Pourtant, les premières pages sont assez brutales. C’est là que Pascal a son accident absurde et que l’on se rend compte – ce qui est encore plus absurde, mais pas surprenant – qu’aucun passant ne daigne lever le petit doigt pour lui venir en aide.  

Par contre, à mesure que l’on progresse dans l’ouvrage, on se surprend à éprouver un attachement toujours plus profond envers ce fameux personnage, et ce, même s’il est, à première vue, à l’opposé de la plupart des valeureux héros de bandes dessinées. Il est timide, manque de confiance (il s’excuse constamment) et est maladroit. Mais c’est justement ça qui fait son charme! Il est profondément humain et comme tout humain, il a ses forces et, surtout, ses faiblesses (n’oublions pas qu’il est en pleine peine d’amour, ce qui le rend particulièrement vulnérable).

La Collectionneuse n’est quand même pas un livre déprimant. Le début de l’album est peut-être un peu plus sombre, mais jamais on ne tombe complètement dans la noirceur. Vers le milieu de l’album, on a même droit à quelques situations cocasses parfaitement mises en scène. Personnellement, je me suis esclaffé plus d’une fois. Une chance que j’étais tout seul dans mon salon!

Quoi, c’est déjà la fin?

Inutile de vous dire que j’ai éprouvé un choc lorsque je suis arrivé à la dernière page. J’avais l’impression d’être à l’apothéose de l’œuvre et j’aurais bien demandé 100 pages de plus, au moins. J’aurais suivi l’histoire de Pascal pendant encore longtemps. 

Pour le dessin, Pascal Girard a préféré se concentrer sur les personnages. Il est vrai qu’il y en a peu (est-ce un défaut en soi?), mais chacun est bien réalisé et constant. Les environnements occupent une place assez secondaire, quoique certains vaillent le détour.

Verdict

Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots avec la course (qui occupe quand même une place importante dans l’ouvrage de Pascal Girard), on peut affirmer sans aucun doute que La Collectionneuse se lit à la manière d’un sprint (ne voyez pas de sens péjoratif à cette expression, bien au contraire!), et ce, malgré un départ lent, mais heureusement plutôt court. L'auteur a une belle plume et a de solides habiletés de metteur en scène. Il réussit à nous faire tomber amoureux d'un personnage qui se trouve dans l'un des moments les plus pénibles de l'existence humaine : la peine d'amour. Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que La Pastèque commence en force cette année! Ça promet pour la suite!

Cote : 4 étoiles sur 5

La Collectionneuse

Pascal Girard

112 pages

Éditions de La Pastèque 

Plus de contenu