« La bête du lac – La porte » : Un Québec d'une autre époque rempli de sirènes et de gobelins
Philippe MichaudUn ennemi de mort, 10 de plus…
Le monstre qui hantait le lac du petit village de Lac-à-l’Ombre n’est plus que de l’histoire ancienne. Mais les habitants de cette petite localité ne sont pas au bout de leurs peines. Ils ont découvert une immense porte camouflée dans un rocher pas loin du village. Certains pensent que cette porte renferme un merveilleux trésor, alors que d’autres pensent que dans cette grotte, il y a quelque chose de beaucoup plus terrible que de l’or.
Souhaitant trouver des réponses, la jeune Oriance, en compagnie de Tom et Lili, deux jeunes enfants, s’aventure dans la forêt dans l’espoir de trouver un village amérindien qui pourrait leur venir en aide. En même temps, un énigmatique Irlandais vient tout juste d’arriver dans le Nouveau Monde. Il n’a pas la langue dans sa poche, aime le rhum et adore se battre. Serait-il le sauveur que tous attendaient?
Conte, légende et histoire
La narration de La bête du lac – La porte est originale et se démarque de celle de la plupart des bandes dessinées « traditionnelles ». Au lieu de simplement expliquer les faits, le narrateur tente d’impliquer le lecteur (un peu comme on le fait dans les œuvres jeunesse). En fait, j’avais souvent l’impression de lire un conte, ce qui m'a permis d'embarquer rapidement dans le récit.
En parlant de conte, ce deuxième tome a pigé ici et là des références à notre histoire et au folklore. Le tout se déroule au 19e siècle et on n’est donc pas surpris de retrouver des Amérindiens, un prêtre et un Irlandais. Mais ce n’est pas tout! Il y a quelques créatures fantastiques comme une sirène et des gobelins hirsutes. Cependant, on ne perd jamais de vue qu'on est dans une oeuvre qui a été conçue pour divertir. Jamais on n'assomme le lecteur avec une panoplie de renseignements historiques. L'emphase est souvent mise sur l'action.
Même s’il y a relativement beaucoup de personnages, on sait toujours dans quelle direction les auteurs veulent nous amener. Le personnage de McChulainn, le fameux Irlandais, est sans aucun doute le plus énigmatique (mais aussi le plus étrange) de cet épisode.
Le scénario, quant à lui, avance tranquillement et on nous révèle juste assez d’informations sur l’intrigue et les protagonistes. De l’autre côté, on ne sent jamais que François Lapierre (scénariste de cet album) tente d’étirer la sauce. On sait bien qu’il a assez de contenu pour poursuivre encore son aventure pendant plusieurs tomes.
Patrick Boutin-Gagné fait un superbe travail artistique. Dès la première case, il s’impose avec des dessins aérés, « lignés » (les nombreuses lignes horizontales et verticales ajoutent du volume aux immeubles et aux personnages) et inspirés. Et que dire du travail qui a été fait à la couleur? Bref, chaque dessin aide à créer un univers qui est cohérent et qui sort parfois de l'ordinaire.
Verdict
Au final, La bête du lac – La porte n’a rien à envier aux bandes dessinées fantastiques provenant du vieux continent et qui sont si populaires. Impossible de ne pas être séduit par son savant mélange entre histoires et légendes. J’ai déjà hâte de tenir entre mes mains le troisième tome!
Cote : 4,5 étoiles sur 5