Alors que les deux premiers opus se concentraient surtout sur des personnages féminins, celui-ci fait table rase et propose aux lecteurs la situation inverse. Dans ce troisième acte, c'est le Prince Charmant qui occupe le premier rôle. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il faut admettre qu'il est l’un des protagonistes les plus importants de Fables. Pour ma part, j'étais bien heureux de le retrouver!
Ici, l’homme semble plus réfléchi, moins impulsif et spontané. En devenant le Maharaja d’une Inde alternative, peuplé de créatures magiques et où il n’y a presque plus d’hommes, c’est comme s’il avait assumé ses responsabilités royales.
Puis, un beau jour, Nalayani, une jeune villageoise, demande une audience au prince après que son village se soit fait attaquer par des chiens sauvages. Sa rencontre avec la jeune femme à la beauté redoutable provoquera un profond bouleversement dans le coeur du Prince. Habitué à courir les jupons (comme tout Maharaja, il possède un harem qui devrait techniquement le combler), il éprouve un sentiment tout autre pour cette Indienne : l’amour véritable.
Le récit de 136 pages tournera autour de cette relation peu conventionnelle. Chose rare, en effet, la demoiselle ne voudra rien savoir du beau prince. Une première ou presque dans l’histoire de Fables! Il va essayer toutes sortes d’artifices pour qu’elle tombe amoureuse, mais rien n’y fera.
Encore une fois, Willingham et ses acolytes nous ont concocté un scénario qui s’éloigne complètement des clichés du genre. Même si cette bande dessinée comporte moins de mystères et de questionnements que les autres tomes – elle mise surtout sur l’action -, elle réussit à nous captiver jusqu’à la toute fin.
Le bédéiste l’a déjà prouvé des dizaines de fois, il est capable de fusionner parfaitement le monde moderne et les contes de fées de notre enfance. Le Retour du Maharaja ne fait pas exception à la règle. Dans une planche, on peut voir un homme avouer son amour à un autre et dans une autre apercevoir Sherkan et Mogli.
Je dois dire aussi que j'ai particulièrement aimé comment il s'est approprié la fameuse notion d'amour véritable, si présente dans les contes de fées. On est bien loin de La Belle au bois dormant.
Le dessin ne s’éloigne pas non plus trop du style des premiers Fables. Les couleurs sont toutefois plus modernes et les visages mieux définis. Par ailleurs, une grande partie de l’action se déroule dans la jungle et le désert. Ces deux environnements n’ont pas du tout l’air artificiels. Les illustrateurs ont réussi à leur donner du caractère ; les journées ont l’air étouffantes et les nuits glaciales.
Verdict
Le Retour du Maharaja prouve, une fois de plus, que Bill Willingham est un auteur d’une grande polyvalence. Il est capable de transposer son univers dans une Inde féérique sans faire de compromis sur la qualité ni choquer les fans de la première heure. Un bel exploit!
Fairest 03 : Le retour du Maharaja
Bill Willingham et autres
136 pages
Urban Comics
Cote : 4,25 étoiles sur 5