Le long métrage se concentre sur la chute d’Augusto Pinochet lors du référendum de 1988 qu’il avait été obligé d’organiser sous la pression internationale. On revit cette période mouvementée de l’histoire de ce pays d’Amérique latine par les yeux de René Saavedra (Gael Garcia Bernal), un jeune publicitaire talentueux. Il est approché par le camp du Non pour produire des clips de 15 minutes qui doivent être diffusés tous les soirs à la télévision avant le jour fatidique du vote. En effet, chacun des deux camps a droit à 15 minutes d’antenne quotidiennement pour promouvoir sa cause.
Saavedra va aborder avec humour et intelligence cette campagne placée sous le signe de la joie de vivre. Mais tout ne se fera pas sans embûches. Il devra composer avec les pressions toujours plus fortes des autorités qui voient, bien évidemment, d’un mauvais œil ce qu’il est en train de faire. Il est, en quelque sorte, un ennemi du régime.
On assiste ainsi souvent aux réunions des équipes de production des deux camps. Quel concept est le plus vendeur? Comment viser le plus grand nombre de gens?
Les premières secondes du film peuvent être déstabilisantes. Dans un souci d’authenticité, Pablo Larrain a préféré avoir recours à des caméras que les cinéastes utilisaient à cette époque. Exit le beau format panoramique en haute définition! On nous présente plutôt une image presque dans un format 4:3 où le « grain » est plus gros, moins raffiné.
Ce choix inusité permet au cinéphile de se projeter totalement dans l’histoire et d’y croire. Le long métrage est rempli d’images d’archives de l’époque, mais grâce à la technique audacieuse du réalisateur, il est quasiment impossible de différencier la fiction de la réalité. C’est tout simplement brillant.
Un gros travail a par ailleurs été fait sur l’esthétique même du film. Les coiffures, les vêtements, les voitures et les décors de l’époque sont convaincants.
Gael Garcia Bernal est solide dans son rôle. Il incarne un homme qui ne montre pas facilement ses émotions et qui ne parle pas beaucoup. Il est loin de l’image du partisan qui est prêt à tout casser dans la rue pour se faire entendre. Il préfère avoir recours à un média un peu moins brutal : la publicité.
Outre son aspect historique, NO met l’accent sur la puissance de la télé pour transmettre une idée. Aussi drôle que cela puisse paraître, c’est grâce à la publicité, l’outil par excellence du capitalisme, que le Chili va réussir à « se libérer ».
Par l’utilisation d’une technique de production à la fois dépassée et audacieuse, NO réussit à dresser un portrait criant de vérité de cette période phare de l’histoire chilienne. C’est aussi, en quelque sorte, une critique sur l’impact de la télévision, et plus précisément de la publicité, dans un contexte politique. La propagande ne date pas d’hier, sauf que les méthodes utilisées sont de plus en plus sophistiquées et subtiles. Où cela va-t-il s’arrêter?
Cote : 4 étoiles sur 5