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Critique BD : Enigma

C’est en 1993 qu’est paru Enigma, un roman graphique du scénariste Peter Milligan (Human Target) et du dessinateur Duncan Fegredo (Hellboy). Plus de 20 ans après la parution de ce récit en huit chapitres. Urban Comics a décidé de le publier de nouveau. Et, honnêtement, c’est sûrement l’une des meilleures décisions que la maison d’édition ait prises cette année! 

On y suit Michael Smith, un jeune homme à la vie tout à fait banale. Il fait l’amour une fois par semaine et a un travail sans ambition. Puis, un beau jour, les personnages de sa bande dessinée favorite prennent vie et se mettent à semer la terreur dans la ville juste à temps qu’Enigma, le super-héros de la BD, se manifeste et décide de les arrêter.

Pour essayer de comprendre ce qui est à l'origine de ces phénomènes inexpliqués, Michael va retrouver le créateur de la série. Ensemble, ils vont entrer dans un monde sombre où aucun des deux ne va en ressortir indemne. 

La première chose qui m'a marqué quand j’ai ouvert Enigma, c’est le graphisme. Contrairement au dessin de bien des oeuvres américaines écrites dans les années 90, celui-ci n’avait pas pris une ride. Il était étonnement moderne. Son style décalé et torturé m’a tout de suite interpelé. Comme le héros, j’avais envie de découvrir ce qui se cachait derrière le masque de ce drôle de personnage.

Même si l’album traite de super-héros, ceux-ci n’ont rien à voir avec les Batman et Superman de ce monde. Ils sont encore plus imprévisibles et cruels qu’un certain Joker. C'est pour vous dire… Même le gentil n’est pas si gentil que ça. Contrairement aux héros les plus populaires en collants, il a bien de la difficulté à savoir ce qui est bien et ce qui est mal. 

Sans dire que c’est une critique des comics, Enigma nous montre comment nos super-héros favoris seraient s’ils étaient plus « humains » ou, en tout cas, moins caricaturaux. Outre le monde des super-héros, Enigma aborde des thèmes encore très présents en 2015, comme l’identité, l’orientation sexuelle et la recherche du bonheur. 

Un autre aspect fort du récit est la narration d’un cynisme désabusé. Maitre de l’humour noir, on ne connait la véritable identité de ce drôle de narrateur qu’à la toute fin. Et disons qu’on ne le voit pas venir du tout! 

Il faut dire que Milligan a un véritable don pour nous surprendre. Chaque fois qu’on tourne une page, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. On est constamment sur le qui-vive et il est impossible pour nous de prévoir si la prochaine planche va nous émouvoir ou encore nous faire rire. 

Verdict 

Enigma est une oeuvre d’une rare complexité dotée d’une intrigue haletante et d’un graphisme incroyable, et qui est loin de s’adresser seulement aux nostalgiques. Bien au contraire! Il a toutes les cartes en main pour plaire aux amateurs de BD les plus exigeants.

 

Enigma 

Peter Milligan et  Duncan Fegredo

224 pages 

Urban Comics

 

Cote : 4,5 étoiles sur 5

 

 

 

 

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