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« Blacksad – Amarillo » : des écrivains voleurs de voitures!

Des animaux dans le New York des années 1950

Blacksad est populaire notamment pour son univers atypique qui met en scène des animaux anthropomorphes. Évidemment, c’est loin d’être la première œuvre à faire cela; j’ai moi-même été bercé dans mon enfance par des animaux qui parlaient. Cependant, peu d’ouvrages (récents du moins) ont pris le pari de faire évoluer des animaux de formes humaines dans une atmosphère de film noir.

Dans ce cinquième tome, on retrouve donc toujours John Blacksad, le fameux chat détective privé. Désabusé, le félin en a marre de courir après les criminels et désirent maintenant se réorienter. Après avoir accompagné Weekly à l’aéroport Moissant de la Nouvelle-Orléans, il se fait offrir un travail pas du tout compliqué par un riche Texan. Notre héros a pour mission de rapporter la voiture de son client chez lui. C'est le boulot parfait pour lui.

Malheureusement, en cours de route, il se fait voler l’automobile par deux écrivains de la beat generation. Blacksad ne souhaite pas en rester là et va pourchasser nos héros jusque dans un cirque ambulant installé à Denver au Colorado. Son périple sera également l’occasion de rencontrer l’avocat Neal Beato et de revoir sa sœur.

Ne pas se fier aux apparences

Du point de vue artistique, ce cinquième épisode n’a rien à envier aux autres tomes de la série. Je suis d'ailleurs tombé en admiration avec sa couverture; l'une des plus belles des derniers mois. La coloration à l’aquarelle est ici parfaitement justifiée, et ce, même si l’histoire se déroule dans une atmosphère sombre de polar. Les dessins sont, ils est vrai, très colorés (surtout les dernières pages qui se concentrent sur le monde du cirque), mais cela n’enlève rien au sérieux du récit. 

Car, je ne l’ai pas encore dit, mais sous ses allures enfantines, Amarillo s’adresse d’abord à un public plus vieux; pas parce qu’il y a de l’érotisme ou de la violence (notons quand même qu’il y a quelques scènes de bagarre), mais plutôt parce que les sujets abordés vont plaire davantage à un lectorat plus âgé. Les plus jeunes lecteurs risquent de passer à côté de quelques subtilités du scénario.

Il faut dire que le choix des animaux n’est jamais laissé au hasard. On a toujours beaucoup de plaisir à tenter de comprendre, à mesure que l’on découvre le caractère d’un protagoniste, pourquoi les auteurs ont choisi tel ou tel animal pour le personnifier.

Bien que Blacksad soit le personnage principal de la série, ce cinquième tome ne se gêne pas pour nous raconter l’histoire d’autres personnages. En fait, du point de vue de l’intrigue, on pourrait même dire que c’est l’un des deux écrivains que pourchasse notre héros qui a le rôle le plus important. Mais entendons-nous bien, Juan Díaz Canales a fait preuve d’une grande finesse dans l’écriture de son scénario, de sorte que l’on comprend toujours les liens qui unissent les différents personnages. On n'est jamais frustré de quitter notre détective privé favori pour suivre l'histoire d'autres protagonistes.

Notons en passant que le lecteur n’aura pas besoin d’attendre le sixième tome (même s’il y en a un déjà en préparation) pour voir les conclusions de l’enquête; tout se résout dans les dernières pages. Même s'il est préférable d'avoir lu les autres tomes, c'est le genre d'album que l'on peut acheter sans vraiment connaître la série. 

Verdict

Sous ses allures d’album jeunesse, Blacksad – Amarillo aborde avec subtilité des thèmes chers aux adultes. Il n’oublie pas au passage les amateurs d’enquêtes policières qui pourront se régaler avec cette histoire d’écrivains meurtriers et voleurs de voitures. Bref, une oeuvre à se procurer que l'on soit ou non un fin connaisseur de la série. 

Cote : 4 étoiles sur 5

Blacksad Tome 5 : Amarillo

Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido

54 pages

Éditions Dargaud

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