« 3 histoires d'Indiens » : Une nouvelle génération d’autochtones moins résignés que leurs parents
Philippe MichaudÀ LIRE AUSSI : « Les 4 soldats » : un film sur un Québec en pleine guerre civile
La nouvelle génération d'autochtones
En effet, avec son nouveau long métrage, le cinéaste québécois aborde le monde des autochtones. Mais pas n’importe comment. Il nous offre une vision de la nouvelle génération, c’est-à-dire des jeunes adultes qui semblent être moins résignés que leurs parents. Le tout se déroule sur quatre saisons.
Comme le présage le titre, le film nous raconte l’histoire de trois autochtones au destin bien différent l'un de l'autre. On retrouve d’abord Erik (Erik Papatie), un jeune homme qui souhaite fédérer sa communauté et lui donner envie de retourner dans la forêt et aux valeurs traditionnelles en construisant une antenne télé grâce à laquelle il pourra diffuser ses propres programmes télé.
Ensuite, on suit l'histoire de Shayne (Shayne Brazeau), un autre jeune homme. Perdu, il erre sans but entre un village et une ville, tout en écoutant de la musique classique avec son iPod. Visiblement, la perte d’un être cher le fait souffrir.
Finalement, il y a trois jeunes femmes qui vouent un culte à Kateri Tekakwitha, la toute première Amérindienne d’Amérique du Nord à être canonisée. Elles tentent de reproduire ni plus ni moins le mode de vie de la sainte, qui est morte en 1680 à Kahnawake.
Documentaire ou fiction?
Tout au long du film, et surtout vers la fin, il est difficile de savoir où se termine la réalité et où commence la fiction. Parfois, on a l’impression d’être dans un documentaire, alors que dans d’autres scènes, on se croit plutôt dans une oeuvre de fiction.
Grâce à ce procédé audacieux, les personnages nous apparaissent encore plus attachants, du fait justement que l’on croit encore plus à ce qu’ils font et ressentent. Lorsque l’on voit le jeune Erik aller chercher sa caméra qu’il avait mise en gage au prêteur sur gages afin de pouvoir manger, on ne peut éprouver que de la compassion pour lui.
À un autre moment, l’une des trois jeunes filles met ses pieds dans l’eau glacée en plein hiver. En tout cas, si c’est arrangé avec le gars des vues, comme on dit, ça ne paraît vraiment pas. La pauvre jeune femme a vraiment l’air de souffrir.
Je pense d'ailleurs que Morin a trouvé un bel équilibre entre ses trois histoires. Erik est à mon sens le plus attachant (c’est le seul qui parle vraiment) du groupe. On pourrait même dire que son histoire se démarque des deux autres, qui vont plus dans l’introspection (et qui risquent moins d'attirer les foules).
Par les yeux de tous ces personnages, on va également découvrir dans quel genre d’environnement vivent ces jeunes. Et autant le dire tout de suite, on est bien loin d’une belle rue à Westmount. C’est comme si aucun urbaniste n’avait planifié la construction de ce village. Et que dire de l’intérieur de certaines maisons qui semblent mal entretenues et en désordre. Mais à l’opposé de leur environnement, ces jeunes souhaitent vraiment que les choses bougent.
Verdict
Sans jamais tomber dans le mélodrame, 3 histoires d’Indiens nous offre un visage à la fois méconnu et authentique des jeunes autochtones. Même s’ils vivent dans des conditions difficiles, ils ne baissent pas les bras et souhaitent réellement changer le monde. Bref, bien que visant un public moins large que Les 4 soldats, ce film n'en demeure pas moins doté de belles qualités.
Cote : 3 étoiles sur 5
3 histoires d’Indiens prend l'affiche le 11 avril 2014.