Michel Brûlé n’a pas de problème d’estime personnelle, même qu’il en mène plutôt large. Certains le disent narcissique et mégalomane. Après avoir bousculé les paramètres de l’édition au Québec avec sa compagnie Les Intouchables et vendu plus de cinq millions de livres, voilà qu’il veut cette fois-ci rien de moins qu’être le prochain maire de Montréal. Il a 49 ans, il parle huit langues, il a visité 55 pays, il est célibataire, n’a pas d’enfant et carbure aux femmes. Il est une sorte de croisement entre Rob Ford, Régis Labeaume et Stéphane Gendron. « Mon but n’est pas de faire l’unanimité, mais d’être élu en faisant le plein du vote souverainiste francophone et des gens qui veulent que les choses changent. Montréal compte 103 conseillers d’arrondissement, alors que Toronto n’en a que 45 et New York, 51. Je veux baisser ce chiffre à 30 élus municipaux. Montréal devrait être aussi une ville plus permissive, plus libérale. Je crois que c’est ici qu’on émet le plus de contraventions au monde. C’est ridicule. La seule raison pour laquelle on en donne autant, c’est que nous avons des dépenses complètement folles et cet argent est souvent jeté par les fenêtres. Il y a en ce moment un milliard et demi de dollars de travaux qui sont faits à Montréal et il n’y a aucun contrôle de la qualité, alors qu’en Allemagne, les routes sont garanties pour 25 ans. »
Écolo ou auto?
Ces dernières années, Montréal est devenue une ville assez inhospitalière pour les automobilistes et les camionneurs. « C’est clair. Quand je regarde ce qu’a fait le maire Ferrandez, je me dis qu’il est vraiment à côté de ses pompes. Je n’ai pas d’auto. Je me promène en ville en vélo ou en taxi. Je suis pour la cohabitation entre les automobilistes, les piétons et les cyclistes. Cela dit, il faut encourager le covoiturage, car il y a un énorme problème de circulation à Montréal. Je préconise de donner six heures de stationnement gratuit à ceux qui seront trois personnes et plus dans leurs véhicules. »
Avant que l’on ne scrute son passé à la loupe, a-t-il déjà fait usage d’escortes? Est-ce qu’une de ses secrétaires ou assistantes pourrait le mettre dans de beaux draps? Et a-t-il déjà profité de largesses d’amis fortunés ou haut placés? « J’ai toujours eu la testostérone dans l’tapis, mais ce n’est pas une si mauvaise chose, car quelqu’un qui l’a a aussi beaucoup d’énergie. En ce qui concerne les escortes, j’en ai déjà parlé, j’ai déjà rencontré des prostituées et j’ai même déjà publié des livres écrits par des prostituées. Je suis pour la légalisation de la prostitution. Selon moi, s’opposer à la légalisation, c’est encourager le proxénétisme. J’ai toujours eu comme modo de ne pas mélanger affaires et « romances », et je n’ai jamais eu aucune histoire avec aucune de mes employées ni même auteures. Je n’ai eu qu’une aventure avec une fille qui avait travaillé à mon kiosque à un salon du livre, mais ça se résume à cela. C’était entre deux adultes consentants. J’ai toujours eu horreur du copinage et j’ai toujours payé mes impôts. Quant aux personnes haut placées, je méprise la plupart d’entre elles. J’ai quand même publié deux livres sur Paul Desmarais. »
En terminant, se voit-il comme Batman ou M. Net? « Si on regarde mon faciès et mon crâne rasé, je pense que je suis plus M. Net (rires). J’ai commencé ma carrière d’éditeur en vendant mes livres dans les bars et depuis cette époque, j’en ai vendu cinq millions. J’ai révolutionné ce milieu assez conservateur. Je pense que je peux faire la même chose avec Montréal. Je suis très intègre, un incorruptible. Je veux gérer l’argent des contribuables comme si c’était mon propre argent et je sais compter. Je suis un gars droit qui peut changer les choses. »